[Vitrine FAFL] Hawker Typhoon car doors piloté par André Jubelin en 1942 - Kit hasegawa - 1/48°

Bonjour à tous,

Photos finales du Hawker Typhoon brièvement piloté par André Jubelin, pilote FAFL méconnu (au moins par moi) dont l’histoire est presque incroyable.
Officier de marine (diplômé de l’Ecole navale et breveté pilote), il est surpris par la guerre en Indochine où il est officier canonnier sur un croiseur. Il s’évade vers Singapour avec 2 camarades au manche d’un avion de l’aéroclub qui, bien entendu, n’a pas l’autonomie pour sa destination et même pas la puissance théorique nécessaire pour décoller avec 3 personnes et des bidons d’essence (pour refaire le plein en vol). Londres en février 1941. On l’affecte au vieux cuirassée Courbet, échoué à Portsmouth, sur lequel il remet un peu de discipline et utilise ce qu’il a sous la main pour transformer le navire en flak ship avant l’heure, les raids nocturne allemands étant quotidien à cette époque.
Arrivé en Angleterre, son grade et son age (il a 34 ans) font de lui un officier d’Etat-major en puissance puisque les officiers de marine sont plutôt rares à Londres en février 1941.

Pour sortir de la vase, il demande à intégrer le Fleet Air arm, ce que les anglais acceptent. Il se retrouve à piloter des Walrus, des Swordfish et même des Sunderland .

Mais comme il est noté « pilote exceptionnel », il demande et obtient d’intégrer une unité de la RAF équipée de Spitfire. Malgré son grade et son âge canonique pour un pilote de chasse, il enchaîne les missions offensives à une époque où le Spit qu’il pilote est surclassé par le Me109F. La Marine ne le réclamant toujours pas et la création d’un squadron FAFL trainant en longueur (étant le plus gradé des pilotes d’active, il était destiné à commander l’Alsace mais il était marin…), il rejoint le squadron 1 équipé de Hurricane MkII a qui a échu le rôle particulièrement dangereux d’intruder nocturne.
Mais Jubelin est bien entendu un navigateur hors pair et il apprécie beaucoup les vols nocturnes, même au manche d’un fer à repasser comme le Hurricane équipé de canons de 20 mm et de réservoirs supplémentaires.

Le sq 1 est rééquipé en Typhoon quelques semaines avant qu’il ne soit rappelé par l’Etat major pour prendre le commandement d’un escorteur avec lequel il passe à une autre activité à risques, l’escorte de convois et la lutte anti sous-marins (surtout avec un bateau dont la vitesse maximale est de 14 nœuds, ce qui parfaitement ridicule pour cette activité). Spécialiste de l’artillerie de marine, il utilise au mieux ce qu’on lui donne puisqu’il parvient à abattre un et peut être 2 FW Condor. Passé dans l’océan indien, il coule vraisemblablement un grand sous-marin japonais au large de Madagascar après avoir échappé de peu au torpillage.

Il finit la guerre comme pacha d’un croiseur léger et sera le premier à entrer à Haiphong en octobre 1945 à la tête d’une flottille destinée à mettre à terre les premières troupes françaises chargées de reprendre le contrôle de la colonie, ce qui lui permet de risquer une fois de plus sa vie à cause d’ordres stupides, mais nous nous éloignons du sujet.

Il finira sa carrière comme amiral en ayant commandé le porte-avion Arromanches.

Bref, une vie et une carrière totalement hors normes pour un homme qui aurait pu, comme beaucoup, choisir le confort d’un état-major mais qui, comme son ami Pijeaud, a préféré affronter le danger d’une carrière opérationnelle (ce que Pijeaud paiera de sa vie).

Jubelin a certes peu volé sur Typhoon mais sa prise de contact et ses quelques missions avec la bête lui font décrire un engin impressionnant et « chatouilleux » mais, pour ceux qui ont lu le Grand Cirque, Closterman en a dit bien pire...

Jubelin ne parvient pas à ajouter la 5ème victoire qui lui manque pour obtenir la distinction d’as, étant devancé de quelques secondes par 2 appareils de son unité partis avant lui et qui effacent du ciel 2 Me 109 qui ne s’attendaient certainement pas à voir débouler des engins largement plus rapides qu’eux (le Typhoon était un veau au-dessus de 4500 m, mais en dessous, il n’y avait pas plus rapide que lui mi- 1942). Et pour sa dernière mission, le He111 sur lequel il fondait disparait dans les nuages avant qu’il soit à portée de tir…

Si vous voulez en savoir plus, sa biographie s’appelle, Marin de métier, pilote de fortune. Elle se trouve facilement et pour un prix raisonnable sur le net et je ne peux qu’en recommander chaudement la lecture. Jubelin étant un marin, son langage « technique » est plus marine qu’aviation, c’est parfois surprenant mais ça se laisse lire sans problèmes. Par contre, il est souvent peu disert sur les avions qu’il pilote, donc pas de photos ni de codes permettant de savoir quel Walrus il a utilisé à plusieurs reprises par exemple.

Le Typhoon qu’il a piloté était le JX-R (cité explicitement dans sa biographie), serial number R7919. L’historiographie du Squadron 1 nous apprend que cet avion est l’un des premiers Typhoon livrés au Sq.1 (la légende de la photo de l’avion dit même le premier) le 21 juillet 1942. Jubelin a quitté le squadron 1 en août 1942, l’avion fut ensuite utilisé par d’autres pilotes jusqu’au 16 juin 1943, date à laquelle il fut gravement endommagé par des Fw 190 et déclaré irréparable à son retour (si je puis me permettre, je pense que les mécanos n’ont pas dû chercher longtemps à réparer un avion usé par 11 mois de missions de guerre et à la fiabilité aussi douteuse que le Typhoon).

Pour ce qui concerne mon modèle, le montage est ici :
http://fighters.forumactif.com/t93264-concours-les-80-ans-des-fafl-typhoon-car-door-hasegawa-1-48?highlight=typhoon

Maquette Hasegawa améliorée ( ?? si vous avez le courage d’aller voir le montage, vous verrez que le terme est douteux) de résine Aires et de roues et échappements Ultracast. Le kit est plutôt bon mais la découpe du fuselage choisie par Hasegawa pour faire les versions Car doors et Bubbletop avec le même moule rend la zone du cockpit difficile à assembler proprement. Pour tout dire, je n’ai pas réussi, je laisse les spécialistes du Typhoon repérer les problèmes…

Et pour être tout à fait honnête, André Jubelin n’a jamais piloté l’avion tel que je l’ai représenté car les bandes d’identification noires et blanches sous les ailes sont apparues en novembre 1942 donc après son départ du squadron 1, mais j’ai découvert ce problème trop tard.

Ce dont je suis sûr concernant cet avion :
- Livré avec des canons non carénés, version avec le frein de bouche collé à l’aile
- Pas de support de bombes, les premières missions de bombardement du squadron 1 n’interviennent qu’à l’été 1943
- Pipes d’échappement « fish tail »

Ce dont je suis moins sûr :
- Couleur de la lettre individuelle du code. La photo dont je dispose montre une couleur plus claire que la bande Sky du fuselage. Le graphisme du R n’étant pas lui-même tout à fait réglementaire, j’en ai conclu qu’il avait été peint en unité soit en blanc, soit dans un sky plus clair. J’ai opté pour la seconde option (et d’ailleurs pas assez accentué l’écart entre mes 2 sky) car plusieurs photos d’avions du squadron 1 montre un écart de teinte entre code d’unité et code individuel mais pas forcément très marqué.
- « toit » de la verrière. La photo ne permet pas de savoir si l’avion était équipé de la version avec une bulle qu’on voit sur certains Typhoon du squadron 1. Comme Hasegawa ne fournit pas une version bulle exploitable, j’ai opté pour la version plate.
-  présence des renforts de queue (je n'ai pas trouvé de photos de Typhoon du squadron 1 dépourvus de ces renforts)

Merci à Pierre pour m'avoir suggéré ce montage et à William pour son aide plus que précieuse, et place aux photos !

Bravo pour ce beau Typhoon!

Hello,


FANTASTIQUE ce Typhoonet, très beau montage malgré tes revers avec les pièces résines il me semble; remarquable qualité de la peinture et la déco. Vieillissement et usures du théatre d'opérations sont réalistes. Félicitations.

Visuellement ces bandes N&B font ressortir les canons qui lui donne une véritable allure bête sauvage prêt à bondir sur sa proie. 


J'avoue il sera dans mon top ten, au moins.


Olivier