[Concours Désert] Morane 406 - RS Models - 1/72

Je crois bien - j'en suis même sûr - que la première maquette que j'ai construite était un Morane 406 Heller. Je ne sais plus s'il s'agissait d'une boîte noire, jaune ou je ne sais quoi encore mais la peinture de Paul Langelé montrant l'avion en montée et tirant de toutes ses armes de bord sur un Heinkel 111 m'avait marqué, je dirai même subjugué... J'en garderai l'image de la maquette qui m'aura fait entrer dans ce monde-là.



Je n'ai jamais monté d'autres Morane depuis et 'est presqu'avec une déférence quasi religieuse - j'y vais volontairement un peu fort - que j'ai acquis, il y a peu, le modèle RS.
La marque ne manque pas de qualité. Son catalogue regorge d'avions originaux ou de versions plus confidentielles de modèles connus. J'ai déjà expérimenté le P-38 de Lamphier qui aurait abattu l'avion de l'amiral Yamamoto mais pas si sûr et un P-39 qui aurait pu tenir sa place, ici, dans ce concours.
L'impression que j'en avais eu alors restait mitigée. Les détails étaient justes et nombreux, les proportions bien appréhendées. Mais RS ne lésine pas sur la quantité de plastique qui empâte chaque pièce. Le côté « série limitée » ne permet sans doute pas des ajustements au poil près. Lorsque vous sortez d’une maquette Tamiya, le retour à la réalité des choses peut s’avérer délicate. Mais il ne faut pas regretter : ce genre de maquette force à l’humilité, me ramène dans mes jeunes années et, au bout du compte, n’est pas si difficile que ça…
Comme d’habitude, je reste avec mes choix de décorations. Bien que dans ce cas, les choix se limitent à des appareils ayant servi en Afrique du nord ou au levant pour le compte de Vichy. Il y a encore ceux, comme celui du commandant Tuslane, qui se sont échappés et ont formés la première ossature des Forces Aériennes Françaises Libres et qui arborent une belle croix de Lorraine. Enfin, un aux couleurs britanniques.

Même si je ne retiendrai pas cette dernière, il reste encore pléthore de décoration !! je crois que je ne garderai pas non plus ceux au pyjama rayé jaune et rouge, juste pour dire que, bien qu’il s’agisse d’une obligation imposée par la commission d’armistice, nombreuses furent les exceptions ou adaptations. Résurgence de l’esprit rebelle des français ?
Il faut ajouter, enfin, à ce point de ma réflexion que la boîte que je possède n’est absolument pas en rapport avec les lieux considérés. Que les décorations accessoires, Berna ou Carpena, outre qu’elles soient, je trouve, onéreuses n’offrent guère de possibilités de ce côté de la Méditerranée… Il me faudra encore travailler sans filet mais je ne désespère pas : je finirai bien par y arriver un jour…

Un petit historique ?
Pourquoi pas, bien que je ne sois pas au fait des événements de certains qui me paraissent très « calés », voilà ce que j’ai retenu.
L’armistice qui survient après la Campagne dite « de France » est extrêmement strict en ce qui concerne l’Armée dans son ensemble et l’Armée de l’Air en particulier. Cette dernière doit se séparer de la plupart de ses cadres. Les appareils en service sont soit saisis et réexpédiés vers les alliés de l’Allemagne (Italie, Finlande, Croatie,…), soit utilisés pour l’entrainement des pilotes allemands. La production d’avion est au mieux très limitée au pire, stoppée. A terme, l’Armée de l’Air est vouée à une disparition annoncée.
Les pilotes de cette armée, épuisés par les durs combats de la Campagne qui s’achève sont placés dans un dilemme extrême. Partir pour continuer le combat d’une manière hasardeuse en abandonnant leur compagnons d’armes ou respecter le serment de fidélité fait à leur engagement. François Labouchère résume cet état ainsi : « (…)La difficulté était devenue, non de faire son devoir, mais de le discerner ».

Pourtant, même moribonde, l’Armée française inquiète encore ses alliés d’hier. Les navires de la Royale surtout qui pourraient menacer les intérêts britanniques… L’opération « Catapult » du 3 juillet 1940 est un échec total du point de vue de ses objectifs à court et long terme. L’opinion française ne comprenant pas l’action de ces anciens alliés, se soude derrière le « vieux chef » (grâce également, il faut le reconnaître aussi, à une propagande efficace). Vichy obtient le maintien de son Armée de l’Air et des moyens supplémentaires afin de résister à de nouvelles attaques, bien qu’il faille attendre le 5 août suivant pour que les allemands acceptent ces dispositions. Enfin, lorsque la zone libre sera occupée, les navires de Toulon préféreront souvent se saborder plutôt que de rejoindre la Kriegsmarine ou la Royal Navy…

Au 1er septembre 1940, on ne trouve des Morane 406 qu’au Levant avec le G.C. I/7 à Rayack et quelques autres à Madagascar...
Durant l’affaire de Syrie où les britanniques tentent de couper l’axe stratégique qui conduirait éventuellement les allemands à prendre le canal de Suez, les français vont jouer un rôle non négligeable. La base de Rayak est bombardée. C’est de là que partira le commandant Tuslane pour rejoindre la France Libre. C’est également là que sera créé le premier escadron de la France Libre avec le matériel trouvé sur place.

Voilà pour le tableau. Reste à s’atteler à la tâche.

Une dernière chose. N'étant pas un accessoiriste militant, je n'abuse pas des "add-on" de manière inconsidérée. Dans cet esprit, j'ai acquis la planche de bord Yahu, très belle. J'ai renoncé au kit Brengun en photodécoupe qui ne me paraissait pas nécessaire. J'avais en stock

Je commence par la pièce représentant les échappements. Comme on peut le voir l’ébavurage est conséquent pour un résultat qui ne me convainc guère…Aussi, prenant le taureau par les cornes, je décide de remplacer la pièce originale par une autre de mon cru.







Sur les photos d'époque, on remarque parfaitement que les pots d’échappement émergent par une tôle ajourée. J’y placerai plus tard des morceaux de gaine plastique que j’ai tiré de trombones multicolores. La mise en place de ces plaques fixées encore grossièrement sera peaufinée par la suite.





Le poste de pilotage n’est pas faux mais il pourra être généreusement amélioré. Sur ces photos, on peut voir que ce travail est entamé (pédales de palonnier, ceintures dorsales remplacées par du scotch alu et câble de tir sur le manche à balai).





Le radiateur ventral escamotable est composé du carénage et du corps du radiateur. Déjà, il faut jouer du papier émeri pour que les deux puissent s’emboîter correctement. Ensuite, je trouve les tringles en forme de « M » assez grossières : je les referai.



Toujours dans le genre, j’affine donc je suis, quelques autres pièces qui nécessitent une refonte. Ici,les pièces du kit ne servent que de gabarit. Elles seront ensuite sacrifiées sur l’autel du dieu maquettiste.



Tiens, je n’ai pas encore parlé de décorum. La présentation d’un modèle sur scénette est pour moi une évidence mais je constate chez les voisins que je ne suis pas seul…Il me faut être alors original sans faire dans la démesure ni le clinquant.
Recherche, réflexion…
Cette affaire là est souvent une histoire de coup de cœur, de challenge et de goût. Quand ces trois là sont réunis, on approche sa propre perfection. Je veux dire par là que l’on peut ainsi faire l’inventaire de son savoir-faire à l’instant « T », au jour « J »…
J’ai trouvé ça :



La scène sera sobrement appelée "Morane"
Y’a plus qu’à.
Bon week end.
Philippe

Je m'installe pour suivre. Bon concours.

T'as pas causé non plus de ma déco.

Vichy rayakien avant le temps des pyjamas ou des fesses jaunes, ou Tulasne, ou repeint à l'anglaise avec ventre bicolore rayakoalsacien... enfin, comment tu le peints ton 406?