DYLE ET BACALAN DB70 (maquette papier au 1/66)

J'ai déjà eu le plaisir de vous présenter ici  quelques unes de mes créations.
Je saisis le fait que Jan Kitop présente avec talent (et humour) certains de mes modèles pour (oser encore) vous parler maquettisme papier. Non pas pour vous détourner "du droit chemin" (quoi que), mais pour essayer de faire vivre une discipline à l'image quelque peu ternie par les innombrables "paper toys" qui pullulent sur le net et auxquels elle est souvent assimilée.

Mise à part la matière première utilisée, la démarche présente de nombreuses similitudes avec le "scratch" tel que vous le pratiquez. C'est ce que je vais essayer de montrer au travers de la présentation de mon dernier modèle: le Dyle et Bacalan DB70.

La création d'une maquette en papier se résume en quatre étapes clé: la documentation, la conception (structure et revêtement), la mise en couleur, les détails et, pour clore l'aventure, les planches et la notice de montage.

Généralités sur l'esprit de la maquette en papier.

Mes modèles sont conçus dans la plus pure tradition de la maquette en papier, à savoir, pas de mastic, apport de peinture là où il n'est pas possible de faire autrement (champ de certaines pièces par exemple). Du "from the planches" direct. C'est ce qui fait d'ailleurs, tout le charme de cette discipline.

Une des particularités du papier réside dans le fait qu'il n'est pas extensible même si l'on peut faire appel de temps à autre à la technique de l'embossage pour adoucir certains assemblages. Tout les volumes doivent être ramenés à des formes développables. Seule une mise en couleur en trompe l’œil permettra de suggérer un volume impossible à reproduire en relief. Les logiciels 2D et 3D ont remplacé avantageusement la planche à dessin, le Té et autres règles à calcul dont certain (dont je fais partie), se souviennent avec une certaine nostalgie. De même, le dessin sur logiciel 3D s'est substitué aux fastidieuses séances de géométrie descriptive.Tempus fugit.

Enfin, la maquette papier permet, au travers de sa présentation en planches "à découper", de partager ses réalisations. Les découvrir assemblées (bien souvent avec talent) par d'autres est extrêmement gratifiant.

Fin du plaidoyer .

Le Dyle et Bacalan DB70

La documentation

En parcourant ma documentation sur la production aéronautique française des années 30 à la recherche d'un sujet de maquette originale (cela ne manque pas), je suis tombé sur l'article du Fana 392 (2002) signé Michel Borget qui est une présentation enrichie des articles parus dans les n°8 et 9 de cette revue (1970) sous la plume du même auteur. A noter la belle illustration couleur de L. Perinotto en page de couverture du Fana 392.

Ayant pris l'habitude de numériser toute ma doc au fur et à mesure de son acquisition depuis de nombreuses années, et utilisant un moteur de recherche pour l'exploiter (Cathy, c'est simple et gratuit), je l'ai immédiatement complétée des articles de presse de l'époque récupérés sur le site Gallica et de quelques photos glanées sur le net.

J'ai découvert aussi que Gilles Mazon avait réalisé une maquette en scratch au 1/72 de ce DB70. L'ayant contacté et ayant recueilli quelques informations complémentaires (merci Gilles, à bientôt dans les expos), je me suis lancé dans l'aventure.

De prime abord, le choix de l'échelle du 1/66 pour une maquette d'avion peut paraitre curieux. Or elle est cohérente pour les maquettes d'avions en papier (la moitié de l'échelle reine en la matière étant le 1/33). Elle constitue, à mon avis, le maximum raisonnable pour présenter une collection homogène en matière d'échelle (56cm d'envergure quand même pour le DB70). Il faut les loger dans une vitrine!

La conception du modèle


Je ne m'étendrai pas sur cette partie. Comme indiqué ci-dessus, elle est réalisée sur informatique. Toute les solutions imaginées font l'objet de montages "bêta" pour les valider. Ça ne marche jamais du premier coup, et la corbeille à papier se remplit!

la structure

C'est l'élément primordial. Du soin apporté à son dessin dépendra la tenue de votre modèle. le revêtement en papier (160g) est souple. Une structure bien pensée évitera et, à défaut, limitera l'effet disgracieux dit: "cotes de cheval".

La structure sera réalisée en carton. Le choix, quant à sa rigidité et son épaisseur, est très important. Pour ma part, je ne lésine pas sur ces points. Direction les magasins de loisirs créatifs, pied à coulisse en main. On trouve des cartonnages sous la forme de planches de format 1200 X 800mm au bel aspect blanc glacé. Les épaisseurs de 0.5 et 1mm répondent parfaitement à nos besoins. Attention quand même,pour une même référence, les épaisseurs peuvent varier de quelques 1/100 d'une planche à l'autre. Comme cette donnée est intégrée lors du dessin de notre modèle, autant les choisir avec soin.

Certains éléments seront renforcés par des tiges de cap tels les mats, trains et axes de roues.

Tout les collages se font à la colle vinylique, la fameuse colle à bois de couleur blanche.

Vu l'importance des parties vitrées, ma première idée était de doter la maquette d'un éclairage interne et donc d'en détailler l'aménagement intérieur. J'avais même imaginé aller beaucoup plus loin en rendant les feux fonctionnels et, pourquoi pas, motoriser les hélices. J'y ai finalement renoncé. N'ayant aucune expérience en la matière, faire mes armes sur un modèle aussi complexe que le DB70 risquait de m'entrainer beaucoup trop loin. Projet à murir.

le revêtement

Comme vous avez dessiné votre modèle avec précision en tenant compte en particulier de l'épaisseur du papier de recouvrement (0.16mm pour du 160g), votre revêtement doit s'ajuster "pile-poil". Malheureusement des éléments perturbateurs vont contrarier cette rigueur mathématique. Les plis à effectuer par exemple. S'ils ne sont pas correctement marqués, ils auront tôt fait de vous grignoter des 1/100 d'un coté ou de l'autre. Tout cela pour dire que la pose du revêtement est l'opération la plus délicate. Du soin apporté à cette opération dépendra l'aspect final de votre modèle.

La mise en couleur

Elle est réalisée à l'aide d'un logiciel de retouche photo (The GIMP, PAINT NET ou autres). Le rendu de votre modèle dépendra de votre aisance à le manipuler. C'est un peu l’aérographe du modéliste papier et je pense qu'ils demandent, l'un comme l'autre, une bonne dose d'expérience avant de pouvoir espérer un jour en tirer la quintessence.....ce qui n'est pas encore mon cas.

En maquette papier il est beaucoup fait appel au trompe l’œil. C'est une des raisons pour laquelle je défend l'idée que, contrairement à une maquette en plastique, une maquette en papier ne peut être appréciée qu'en se positionnant à une certaine distance de celle ci.

En matière de trompe l’œil, le revêtement du DB70 en duralumin ondulé, constitue un excellent exemple. La solution qui consisterait, par exemple, à le matérialiser par embossage du verso des éléments en papier est exclue. Cette opération aurait une incidence directe sur les caractéristiques dimensionnelles des pièces.

Le travail se fera donc avec un logiciel photo. Pour ne pas trop rentrer dans les détails concernant l'évocation de cette" tôle ondulée", disons que je part d'une couleur noire et je joue sur des paramètres tels que le rendu, le bruit, la luminosité ou le contraste pour approcher au mieux l'effet recherché. Reste à y rapporter le trace des ondulations en jouant sur l'opacité du trait de leur contour pour que celui ci s'intègre bien. Tout n'est qu'une question de dosage.... comme avec un aérographe d'ailleurs!

Les détails

Il est évident que l'on n'atteindra jamais le niveau de détail qu'il est possible de réaliser avec une maquette en plastique. Mais, dans la mesure ou la maquette est observée à distance raisonnable, la magie opère.


Cela n’empêche pas de se faire plaisir. Ainsi les cellules passagers des fuseaux latéraux ont été habillé d'un revêtement "art déco" et de tableaux 1930 ainsi que de sièges en rotin....comme l'original.


L'escalier ventral d'accès à l'appareil est ouvert laissant entrevoir (?) le sas d'accès au salon central. Dérives et profondeur ne sont pas représentées dans l'axe et le volet ventral abaissé donnant ainsi plus de vie à la maquette. Maquette papier ne veut pas dire représentation basique. Même si l'on ne peut pousser le détail aussi loin que pour une maquette plastique, il y a moyen de se faire plaisir.

La touche finale pouvant être d'intégrer la maquette dans un diorama. Même simplifié il ne pourra qu'ajouter au réalisme du modèle.

Les planches

Cette dernière étape est facultative mais il serait dommage de ne pas saisir l'occasion de pouvoir pérenniser son travail et d'offrir ainsi la possibilité d'en partager le résultat. Certes, la conception des planches et la rédaction d'une notice de montage, même minimaliste, nécessite un certain temps, mais quel plaisir de voir ses modèles assemblés par d'autres mains, empêchant ainsi à de beaux avions français méconnus de tomber trop rapidement dans l'oubli!

A mon habitude, une présentation plus détaillée et les planches sont en préparation Elle se seront bientôt en ligne sur mon site criquetaero.fr. Un montage pas à pas d'une maquette en papier étant quelque peu hors sujet ici.

Quelques photos (ce n'est pas mon fort) pour clore cette présentation





En espérant avoir suscité au moins une certaine curiosité de votre part vis à vis d'une discipline beaucoup trop méconnue. Et pourtant....

Cordialement.

Hello!
Magnifique modèle, bravo.
Je vais bientôt attaquer ma première maquette papier, un biplan Udet Flamingo à l'échelle 1/24

Super. Je suppose que c'est la maquette de l'éditeur Shreiber Bogen.1/24. Je n'ai aucune expérience concernant cet éditeur ...et cette échelle, mais c'est du sérieux. Cet éditeur jouit d'une bonne réputation dans le milieu des maquettistes papier.
Si tu as le moindre soucis, n'hésites pas à me contacter. Avant de te lancer, je te conseille de scanner les planches avec la plus haute résolution possible (600dpi au moins) et de les mettre de coté. En cas de loupé d'une pièce (cela arrive), on réimprime, et c'est reparti!
Cordialement

Superbe ton G38. Formule très originale que cette aile habitable. comme le DB70 il fut sans doute victime de ses formes.
Sinon, je réside à deux pas de la ville du cassoulet! Un voisin en quelque sorte!

Philippe

Bonjour à tous,

>> Le Criquet : C'est de l'art absolu. Je connais de nombreuses maquettes en papier de Jan Kytop et, à chaque fois, j'en suis émerveillé.
Devant ce DB 70, je suis en admiration.

Le Criquet a écrit:Super. Je suppose que c'est la maquette de l'éditeur Shreiber Bogen.1/24. Je n'ai aucune expérience concernant cet éditeur ...et cette échelle, mais c'est du sérieux. Cet éditeur jouit d'une bonne réputation dans le milieu des maquettistes papier.
Si tu as le moindre soucis, n'hésites pas à me contacter. Avant de te lancer, je te conseille de scanner les planches avec la plus haute résolution possible (600dpi au moins) et de les mettre de coté. En cas de loupé d'une pièce (cela arrive), on réimprime, et c'est reparti!
Cordialement

Exact il s'agit bien de ce modèle. Oui j'avais prévu le scan des planches, cette précaution sera sans doute utile !
A bientôt pour le montage

Et oui. Et St Papoul plus exactement !

Bonjour à tous,

Voici le DB 70, N°01, à Avord, aux couleurs militaires, pour tester l'emport de parachutistes. Nous sommes en 1932-1933 :

Bonjour et merci pour ces compléments d'infos que je m'empresse de rajouter à ma doc sur le sujet. Un sujet plus vaste que l'on ne peut l'imaginer, et, que de sujets originaux à traiter en maquettes! Pour ma part, je me cantonne aux avions français originaux que j'essaye de faire revivre au travers de mes maquettes en papier. Mais peut etre...dans une vie future...

Cordialement

Bonjour,

Une des 20 planches concernant ce modèle. Elles finalisent l'article de présentation du DB70.
Les planches sont en téléchargement gratuit et accessibles sur le site criquetaero.fr à la page suivante:
http://www.criquetaero.fr/dyle-et-bacalan-db70-a207682400

Le but n'est pas de vous" détourner du droit chemin", mais de montrer que la maquette papier est une possibilité, hors des réalisations en "scratch", de monter des modèles originaux qui ont peu de chances de figurer un jour au catalogue d'un fabricant de maquettes "plastiques".( J'ai horreur de cette terminologie, mais je n'en ai pas d'autres sous la main!).

Cordialement.

Très intéressante ta présentation, une autre voie pour le maquettisme.

@Olivier et Philippe: j'ai habité à Ayguevives de 1979 à 1988 après être passé à l'ENAC en 78/79.
Le cassoulet de l'hôtel de France à Villefranche de Lauragais était pas mal non plus    

Gérard

salut très chouette

Bonjour Mitch et bonjour à tous,

merci pour tes remarques, mais, effectivement, s'il est nécessaire d’être un minimum familiarisé avec le dessin industriel (le "desdus" de notre jeunesse), les outils informatiques disponibles (même gratuits), permettent de se lancer dans la conception de maquettes en papier.
Afin de démystifier la chose, j'ai rédigé un petit article, dans le dernier numéro de "Passion Maquette Papier", sur la méthode que j'utilise. Certes, ce n'est pas la plus élégante, mais elle marche et ne demande qu'à être perfectionnée. Ce à quoi je m'emploie au fil de mes modèles et j'y prend énormément de plaisir.
Passion Maquette Papier est un magazine en ligne gratuit que nous avons lancé pour montrer que la maquette en papier n'a strictement rien à voir avec les "paper toys" qui n'en sont qu'une simple caricature.

Passion Maquette Papier Le Mag peut se feuilleter ou se télécharger (gratuitement, j'insiste) à l'adresse suivante sur criquetaero.fr:
http://www.criquetaero.fr/pmp-le-mag-n-1-a205443276
ou sur le site de mon ami Pascal, corédacteur du magazine:http://maquettes-en-papier.fr/
Je suis étonné qu'une discipline comme la maquette papier, qui est tout sauf ringarde (informatique), et dont l'investissement en matériel est quasi nul (ordi et imprimante font partie maintenant des objets domestiques) ne suscite pas plus de curiosité de la part des jeunes en particulier.
Cela redonnerait du sang neuf au maquettisme en général qui en aurait bien besoin s'il veut continuer à exister. Il suffit de participer à une expo pour s'en rendre compte.
Ne désespérons pas.

Amicalement.