(MONTAGE DUO) SBS resine - 1/72 - CAUDRON AIGLON (Escadrille des Avions de Liaison FAFL/ALSACE) Duo avec Regis BIAUX

moi a écrit:Du tout bon en effet. Résine impeccable, pas de défauts ou bulles. des tenons et détrompeurs de positionnement, des carottes discrètes.
J'en ai deux en stock, mais j'ose pas les attaquer par peur de les foirer... trop beau.

Si tu dois commencer un kit résine, c'est un bon début. Tu n'auras pas les affres des moulages artisanaux approximatifs et pourras te concentrer sur la spécificité des collages de la résine.
Adrien

Régis Biaux a écrit:
Je peux t'assurer que les kits SBS sont de très très grande qualité.
C'est sûr que c'est comparable à du Tamiya versus "résine".

Sans dénigrer d'autres "résineux", honnêtement ce sont des superbes kits avec de très bons ajustements ne demandant pratiquement pas de ponçage ou masticage, ce qui peut , je le concède, rebuter le maquettiste pas trop fana de ce type de produits considérés un peu comme dangereux.

Un kit SBS, n'a rien à voir avec le FGMmaster dujin du Point d'Interrogation (pour autant, je ne dénigre pas pour autant la marque, cela permet d'avoir de superbes autres reproduction au prix cette fois d'un très gros travail...)

Et comme le mentionne Adrien, le Caudron est particulièrement réussi et très facile, c'est un très bon choix pour un début et cela permet d'avoir sans difficultés de très beaux modèles.
Personnellement, j'en ai déjà monté 4 et à la manière d'Adrien et sa flotte de Bernard, voici ma petite série de Caudron Aiglon SBS.

Régis Biaux a écrit:
Et comme je l'ai fait avec Xan ( F- ANZB) sur le forum voisin, je veux bien faire un duo avec toi pour ce bleu qui me tente aussi...  
A+
Régis

Régis Biaux a écrit:

Historique  de l'avion Caudron Aiglon n°17.7038 sous immatriculation civile française F-ANSN

L'avion qui nous intéresse dans le cadre de ce montage est du type Caudron C.600 Aiglon. Il porte le numéro constructeur n°17  de ce type et se trouve être le 7038 ième Caudron construit.
Du point de vue officiel, cet appareil a été enregistré et immatriculé le 24 juillet 1935 avec pour premier propriétaire, monsieur Jean Prevost et basé à Joinville en Haute Marne.



Sur cette photo non datée, on pourra supposer que c'est sous  cette livrée peinte d'une certaine couleur (je pencherai pour un bleu...) avec immatriculation blanche que le Caudron F-ANSN volait au début de sa carrière avant d'être acheté par Suzanne Kohn

Il sera revendu à monsieur Jean Schneider de Paris, puis Bernard Coyco de Bourg-de-la-Reine qui le basera à Orly avant d'être racheté par mademoiselle Suzanne Kohn qui le maintiendra sur ce même port d'attache.
C'est l'avion qu'elle utilisera pour son raid et vol de liaison qui la mènera de Paris (Orly) à Ivato (Tananarive) à Madagascar.
Partie d'Orly le 25 mai 1939, seule à bord de son Caudron Aiglon F-ANSN, Suzanne Kohn se pose à Marignane le même jour pour se ravitailler en carburant avant de traverser la Méditerranée et se poser à Alger Maison Blanche toujours ce 25 mai  1939.
Ensuite, il y aura le long trajet à proximité du Sahara avec Oran, Colomb-Béchar, Adrar, Reggan,  Aguelock, Gao, Niamey , Zinder , Fort Archambault, Bangui,



(pas d'une grande qualité ce document car récupéré après diverses manip informatiques, mais cette photo extraites des Ailes (n°941 du 29 juin 1939) a le mérite de laisser une trace du raid de Suzanne Kohn vers Madagascar. Suzanne Kohn est à l'extrême gauche de la photo).

Bamako, Stanley ville, Kassongo, puis Elizabethville au Congo   le 13 juin, Tete au Mozambique pour finalement atteindre Tananarive (Ivato) à Madagascar le 19 juin 1939. Le vol retour s'effectue à partir d'Ivato le 10 juillet 1939 en passant par Nairobi le 12, et remontant le long du Nil.



On ne sait si cette photo fut prise lors du vol aller ou du retour, la présence du gros dessin représentant la route aller du raid tendrait à valider de son application après l'arrivée à Madagascar.
Le reste du parcours n'est mentionné nul part, certainement dû à la période trouble de veille de guerre.

On suppose que cet appareil civil, comme beaucoup d'autres, sera réquisitionné par le Gouvernement français de l'époque afin de servir d'avion de liaison ou d'entrainement au sein de l'armée de l'Air.
Il est fort possible que le F-ANSN ait revêtu une livrée militaire similaire à ce Caudron Aiglon ex F-ANSL de l'A.C de Bernay dans l'Eure dont j'ai réalisé une réplique au 1/72 à partir d'un autre kit SBS.



Ensuite ce sera la période FAFL avec la décoration que l'on se propose de réaliser dans le cadre de ce montage.
La suite, c'est Pierre qui la racontera après que les restes  endommagés de ce Caudron Aiglon (ex F-ANSN) furent découverts dans un coin d'un hangar de la base de Rayack au Liban. Tout au moins, à ce sujet, c'est de qui se raconte encore aujourd'hui et comme cela est écrit sous la plume de Pierre Gaillard et Raymond Forgeat  dans un article du Fana n°324 de novembre 1996.
Puis, ce sera la "reconstruction" et la modification  pour donner un descendant à cet Aiglon qui s'appellera Rayack 43, mais ceci est une autre histoire...

Mais si un avion est fait pour voler, il faut aussi un pilote dans cet avion, aussi il m'a paru intéressant de revenir sur un pilote, ou plus précisément une pilote qui s'est illustrée sur ce petit Caudron Aiglon qui décidemment à une histoire peu banale.
Cette pilote, c'est Suzanne Kohn. Certes, elle est beaucoup moins connue que les Maryse Bastié, Hélène Boucher, Elizabeth Lion qui volèrent aussi sur Caudron Simoun, mais retraçons en quelques mots la carrière de cette femme qui a marqué aussi son époque.

Née à Paris en 1911, Suzanne Kohn est la fille d’Alexandre Kohn (1864-1940) qui est négociant et fondateur de la sucrerie d'Épernay et de Dès l'âge de 15 ans, elle se passionne pour l'aviation et elle effectue son baptême de l'air avant de suivre des cours d’aviation.
A l'âge de 16 ans, elle publie un roman et l'année suivante un recueil de poèmes "Zig-Zag"
En juin 1936, à Orly, elle prend des cours de pilotage avec Bernard Coyco qui y possède une petite école de pilotage, mais qui possède aussi le Caudron Aiglon F-ANSN. Elle y passe avec succès le brevet de pilotage, et en avril 1937, le brevet d'acrobatie et SUZANNE KOHN est la première Française à avoir passé avec succès le brevet de navigateur supérieur.
Suzanne Kohn est la première femme à réaliser, du 25 mai au 19 juin 1939, le raid Paris-Madagascar.
Pilote-aviateur, pilote d'acrobatie, infirmière de l'Air, navigateur breveté supérieur, elle obtient en 1945 le grade de Lieutenant dans l'armée de l'Air.
En 1971, elle épouse Georges Groussard.
En septembre 2000, elle meurt chez elle à l'âge de 89 ans à Tourrette-Levens au dessus de Nice dans les Alpes Maritimes.
Cet historique est établi à partir d'une base de Wikipédia enrichie de recherches personnelles.

Régis Biaux a écrit:
Si vous vous souvenez, un peu plus haut lorsque j'ai parlé du raid vers Madagascar de Suzanne Kohn en juin 1939, j'ai abordé le fait que l'on ne connaissait pas grand chose de son vol retour vers la France, alors Suzanne Kohn est-elle vraiment rentrée à Paris au retour de ce raid ?
Ce que je savais jusqu'à présent, c'est qu'elle est repartie d'Ivato au début juillet et est mentionnée en escale à Nairobi le 12 juillet 1939...

Grace à quelques contacts d'amis historiens, j'ai pu récupérer de nouvelles informations sur la fin de ce raid et quelques éléments complémentaires sur l'histoire de "notre" Caudron. En voici les éléments.

Suzanne Kohn est arrivée jusqu'en Syrie lors de son voyage de retour depuis Madagascar. Au départ, elle raconte avoir prévu d'y séjourner quelques semaines. Mais surprise par la déclaration de guerre, elle y restera plusieurs mois.

Dans son récit de son voyage paru par morceau dans le journal "Les Ailes" (Oct-Nov-Dec 1939), il va falloir que je retrouve ces journaux, elle ne mentionne pas de retour en France. Ce qui implique bien que son Caudron Aiglon y est resté et en tout cas, elle n'est pas rentrée en France avec son avion.

Une autre source complète le parcours du retour de Suzanne Kohn vers la France par le fait qu'elle figure sur la liste des passagers du S/S Massilia qui
est arrivé le 24 juin 1940 à Casablanca en provenance du Verdon. Il y avait également à bord Pierre Mendès France, Edouard Daladier, Jean Zay, Georges Mendel.

Voilà donc confirmé le retour de Suzanne Kohn, quant à l'Aiglon, il est donc resté orphelin en Syrie avec son immatriculation civile F-ANSN. Qu'est_il advenu de cet Aiglon civil après son départ, réquisition, cession aux militaires... ?

rafale28 a écrit:Bonjour,
Pour tenter de répondre à tes questions sur la livrée portée en Syrie sous Vichy par le Caudron Aiglon F-ANSN, mes recherches dans les archives de l'armée de l'Air, à Vincennes, me laissent à penser qu'il devait avoir été entièrement peint (cellule et voilure), fin septembre 1940, en jaune.

Ceci afin de satisfaire à une décision prise le 14 septembre par le patron d'Air Levant et s'appliquant à tous les avions de liaison locaux (celà n'avait rien à voir avec le jaune porté à l'occasion de la campagne de Syrie de juin 41).
Cette décision imposait également l'application de marques spécifiques (lesquelles?) à cet emploi d'avion de liaison.  
En outre, cette même note du 14 septembre 40 indiquait que ces appareils, bien que conservés en état de vol, devaient « être mis dans l’impossibilité temporaire de voler par enlèvement d’une pièce essentielle ».  Pièce replacée sur l’avion que sur ordre du commandant de l’unité et au moment nécessaire pour que la mission prévue puisse être exécutée. Que cela soit demandé le 14 septembre 1940 laisse supposer que cela n’avait pas été fait jusqu’alors.

Probablement maintenu dans cet état de blocage au sol, le Caudron Aiglon F-ANSN réapparut fin avril 1941 dans les registres d'Air Levant en rejoignant administrativement la SLAM (section de liaisons aériennes militaires) de Rayak tout récemment créée.

En fait, l'appareil était alors en réparation/entretien de longue durée dans les ateliers du Parc de Rayak. En principe, si l'instruction de mi-septembre 40 a bien été appliquée, l'appareil était donc tout jaune.

Régis Biaux a écrit:
Il y a toutes les chances pour que cet avion soit resté à Damas (terrain civil) dès l'instant où Suzanne Kohn s'est arrêtée sur son trajet retour de Madagascar. en juillet 1939. Il y restera très certainement durant le début de la guerre et à toutes les chances pour que cet avion ait été réquisitionné par l'Armée de l'air en quête d'avion d'entrainement et le liaison. Il sera très certainement repeint à ce moment là comme on a pu le voir sur un Simoun. On admettra que cet avion restera sur Rayak et qu'à la fin des combats fratricides contre les troupes britanniques, il sera donné  aux FAFL en formation au début octobre 41 tout comme un restant de MS 406 de l'ex GC 1/7 qui constitueront le début du groupe Alsace.
C'est à ce moment là que les français peindront la croix de Lorraine soit entre le 4 et le 15 octobre 1941.

Mes contacts ont eu accès aux archives de Jean Tulasne ainsi qu'aux album photos. La photo de l'Aiglon y figure et celle çi est de meilleure qualité que celle que nous avions jusqu'à présent et le tirage présent un arrière plan plus large ce qui nous permis après recherche de trouver à quel endroit le cliché a été pris.





Il s'agit de Palmyre en Syrie et ce célèbre site archéologique se trouve à 210 km au nord de Damas.

Dans les carnets de vol de Jean Tulasne, il y a courant octobre 1941 plusieurs vols sur ce Caudron:

- Rayak - Beyrouth - Rayak
- Rayak - Damas - Rayak et ce qui est le plus intéressant un
- Rayak- Palmyre - Rayak le 15 octobre 1941.

Ce qui tend à valider que la photo  du Caudron a été prise à Palmyre le 15 octobre 1941, d'autant que dans l'album photo de Jean Tulasne à la suite de la photo du Caudron, on voit Jean Tulasne en visite dans un monument accompagné par au moins deux personnes qui sont sur la photo de l'Aiglon.
A ce sujet, la femme le long du fuselage n'est pas Ida Rubinstein qui est à Londres à ce moment là, mais peut-être plutôt Niela Rubinstein, la femme d'Arthur Rubinstein. D'autres photos montrent Pouliquen en présence de cette femme.

Conclusion de tout cela, on connait la date de la prise de vue et le lieu, soit le 15 octobre 1941 et Palmyre.

Régis Biaux a écrit:
Pour finir, cet avion sera aussi utilisé pour faire de l'entrainement à partir de Rayak et c'est là qu'il sera certainement accidenté et restera dans un hangar en attendant que Demozay le redécouvre et l'utilise pour développer le Rayak 43. Et là c'est une autre histoire.

Régis Biaux a écrit:La suite, c'est Pierre qui la racontera après que les restes endommagés de ce Caudron Aiglon (ex F-ANSN) furent découverts dans un coin d'un hangar de la base de Rayack au Liban. Ce sera la "reconstruction" et la modification  pour donner un descendant volant à cet Aiglon qui s'appellera Rayack 43, mais ceci est une autre histoire...

rafale28 a écrit:Bonjour,
En fait, l'appareil était alors en réparation/entretien de longue durée dans les ateliers du Parc de Rayak. En principe, si l'instruction de mi-septembre 40 a bien été appliquée, l'appareil était donc tout jaune.