[Italeri] 1/72 - Gotha 242 (go242)

-"Les manigances de cet affreux Müller auront au moins servies à quelque chose. Il a si bien manipulé le passé et le présent, le rêve et la réalité qu'il a involontairement réussi à nous ressusciter, Eva et moi tels que nous étions en 1943. C'est dire à quelle connaissances occultes, il avait réussi à accéder.
Pourtant, nous sommes passés bien prés de l'horreur absolue. Si Müller était arrivé au bout de son rituel, il n'y aurait eu de récompense, ni pour lui, ni pour personne. Son seul résultat eut été le retour définitif du grand Chtulhu et de ses séides et la fin de l'humanité. Son savoir maléfique immense n'y aurait rien changé car il est des puissances qui nous dépassent infiniment et qu'il ne faut pas chercher à réveiller, mais le obersturmbannführer, aveuglé par son orgueil, n'aurait jamais voulu l'admettre.
Vous me connaissez sous le nom d'Andrea Spitz mais sachez qu'après la seconde guerre mondiale, pour en exorciser les horreurs, je pris le nom de ma mère italienne, née Zegaoua. "
Il sourit.
-"Je vous suis d'ailleurs très reconnaissant d'avoir retrouvé prés d'ici, une partie de ma vaste collection de maquettes, disparue, il y a si longtemps. Vous avez commencé à faire du bon travail avec et vous allez continuer , j'en suis sur."
Je m'exclame :
-"Vous êtes LE Andrea Zegaoua du carnet et du stock dans le vieux garage enfoui. C'est extraordinaire!"
Et Evy, qui a tout compris depuis un moment, ajoute :
-"Mais vous êtes bien plus que cela, vous êtes le Mage, fondateur de notre Guilde, n'est ce pas?"

-"Vous êtes très perspicace, mademoiselle, mais je vais y venir.
De mon enfance jusqu'aux années de guerre, vous savez déjà à peu prés tout grâce aux visions que Müller projetait en Jan pour tendre son piège. Ma passion pour le vol à voile, mon amour pour Eva, les horreurs du conflit, tout cela est vrai. Mais mon récit s'arrête au moment où je me prépare à atterrir avec le Gotha par delà la rivière. Il y a alors un hiatus de quelques minutes et c'est Müller qui reprend le récit en imposant sa réalité à Jan mais seulement après le posé du planeur et à partir de ce moment, tout est faux. C'est durant cette coupure que tout a basculé.
Dés le début de la mission, j'avais décidé d'en finir avec le chef SS. Je connaissais trop bien sa férocité et son absence totale d'humanité depuis l'épisode du village ukrainien et je savais qu'il ne cesserait jamais de traquer Eva et qu'il finirait par la trouver et la tuer. Toutefois, je ne pouvais évidemment pas espérer m'en débarrasser en l'affrontant directement, seul contre les "Neuf".
Je décidais donc de me sacrifier pour sauver Eva en crashant le planeur et son kommando .
Je n'avais rien d'un fou suicidaire mais après avoir retourné le problème en tout sens, c'était la seule solution que j'avais pu trouver.
En approche de la clairière, j'effectuai une brusque volte face et précipitai le Gotha à grande vitesse dans les arbres bordant la rive tenue par notre armée. Le choc fut effroyable..."

Et alors ???????????????

laurent 62 a écrit:Et alors ???????????????  

Ben, demain à la même heure , ceci-dit, je suis impatient aussi pour la suite de l'histoire.

J'interromps un instant Andrea pour exprimer mon étonnement.
-"Comment ce fait il que Müller n'est gardé aucun souvenir de ce moment dramatique et qu'il n'a pas su en tenir compte dans ses manipulations ?"
Andrea reprend la parole :
-"Je ne sais pas vraiment. Ce que je pense, c'est que Müller était dés le départ, un psychopathe entièrement dénué d'empathie et d'amour pour qui que ce soit. Que l'on puisse se sacrifier pour protéger un être aimé, était un concept qui lui était totalement étranger. Cela ne pouvait pas exister, et donc, il l'a complétement occulté. Ce qui vous a permis de le déstabiliser et de l'affaiblir pour entamer le rituel de réclusion.
Je repris mes esprits sur un tas de neige. Contre toute attente, j'avais survécu, sans doute protégé par les plaques de blindage frontal que j'avais fait installer. Mais, j'étais dans un sale état, les deux jambes brisées et des plaies moindres un peu partout. Le Gotha s'était éparpillé en des milliers de morceaux et ils étaient tous morts, les neuf. Je me trainais jusqu'au reste du cockpit.
Müller était assis, droit sur son siège et je crus un instant qu'il avait survécu mais une grosse branche acérée lui avait traversé le cœur, le clouant sur place. Lorsque j'y repense, j'en frémis. Vous savez que certains monstres, les vampires par exemple, ne peuvent être tués qu'en leur transperçant le cœur avec un pieu de bois. Que ce serait il passé sans ce coup du hasard ? Le obersturmbannführer aurait il ressuscité ? Je n'ose y songer. Il portait en sautoir une pochette de cuir qu'il ne quittait jamais. Je m'en saisis, sans trop savoir pourquoi.
La nuit tombait et le froid devenait insupportable.
Mu par une féroce envie de vivre qui me permit de surmonter la douleur, je parvins à m'abriter dans la pointe arrière du Gotha qui s'était arraché lors de l'impact et se dressait comme une petite pyramide, presque intacte. Je me glissai à l'intérieur et elle me protégea comme une cabane. J'y trouvai l'une des caisses du kommando et fus surpris de la voir remplie de cierges et de bougies. Cela me permit de me chauffer un peu et de ne pas mourir gelé . J'avais aussi mis la main sur une trousse de secours et je pus m'administrer des premiers soins.
Je passai malgré tout une nuit épouvantable, abruti de souffrances et de peur. Peur des loups, nombreux dans ces forêts, mais qui ne se manifestèrent finalement pas. Les animaux continuaient d'éviter le voisinage de Müller, même mort. Peur des "Neuf" après ce que m'avait raconté mon copilote : "On dit qu'ils ne sont pas humains, même morts, ils reviennent".
Au matin, j'avais finalement réussi à m'assoupir, terrassé par la fatigue et les piqures de morphine.
Un grattement sur les parois de mon abri me réveilla en sursaut...

Par chance, ce n'était ni un loup, ni un partisan russe , ni un revenant SS, mais un soldat allemand d'une unité d'éclaireurs.
Je fus donc évacué peu de temps après. Mes blessures s'étant infectées, je trainais d'hôpitaux en centres de convalescence jusqu'à la fin de la guerre. Puis je rentrais en Autriche où je fondais une société de travaux publics qui me permit de vivre convenablement. Je repris, dés que possible, le vol à voile. En dépit de recherches obstinées mais difficiles, (car un rideau de fer coupait désormais l'Europe en deux), je ne revis jamais Eva.
Or, par une sombre journée de Février 1990, on sonna à la porte de mon pavillon.
C'était une vieille dame, aux traits usées par la vie et les épreuves.
-"Bonsoir, monsieur Zegaoua", dit elle. "Il y a longtemps que je voulais vous rencontrer mais ce n'était pas facile car je n'étais pas libre de mes mouvements.
En 1941, quand vous vous appeliez encore Spitz, vous m'avez sauvé la vie dans un hangar de l'aéroclub de Berlin alors que j'étais pourchassé par l'affreux Müller et ses SS qui venait de décimer mon réseau. Je suis Heidi Hoffmann. J'étais l'ami d'Eva Zwezda qui travaillait pour les services secrets russes et nous avait recruté pour l'aider à localiser un exemplaire d'un grimoire de magie noire extrêmement rare et ancien connu sous le nom de "Necronomicon".
Nous venions juste d'obtenir un contact fiable pour trouver le livre lorsque Müller, qui cherchait la même chose nous est tombé dessus.
Je suis la seule à en avoir réchappée mais ce n'est que deux ans plus tard que j'ai pu rejoindre Eva dans la Russie en guerre et lui transmettre mes informations.
Je l'interrompt :
-"Le contact était Julius Epstein à Prokorova, n'est ce pas?"
-"Oui, en désespoir de cause, je vous avais griffonné le nom sur un papier au cas où vous auriez revu Eva avant moi."
-"Mais, je n'ai jamais revu Eva."
-"Le 1er Novembre 1943, sur la foi de mes renseignements, Eva s'est emparé du livre après avoir tendu une embuscade à une colonne allemande et s'est enfui avec.
Au cours de ses années de recherche, Eva avait beaucoup appris sur les mythes de Lovecraft et compris que le Necronomicon était un ouvrage d'une dangerosité absolue et que le remettre au dictateur Staline comme elle aurait du le faire, n'était vraiment pas une bonne idée.
Aussi elle cacha le manuscrit et fit semblant de poursuivre ses recherches pour égarer les soupçons.
Mais elle fut trahie..."

"Sur le point d'être arrêtée par ses collègues du NKVD, elle préféra s'empoisonner pour leur échapper. Je suis infiniment désolé, monsieur Spitz. Elle est morte le premier Mai 1945, quelques jours avant la fin de la guerre.
Tous ceux qui l'avaient approché de prés ou de loin furent arrêtés, torturés puis fusillés ou déportés mais ils ne retrouvèrent pas le Necronomicon. Je fus moi même envoyée en Sibérie où je réussis à survivre jusqu'à la mort de Staline. On me libéra alors pour me renvoyer en Allemagne de l'Est. Toutefois, je restais suspecte et étroitement surveillée par la Stasi et il me fut impossible de me rendre à l'Ouest. La chute du mur a évidemment changée tout ceci.
Je tenais absolument à vous voir , pour vous remercier, bien sur, mais aussi parce qu'Eva me l'avait demandé.
Pressentant son arrestation, elle était venue me trouver, une semaine avant sa fin et m'avait demandé de vous confier ce paquet, si il lui arrivait quelque chose.
C'était pour moi un devoir sacré, en souvenir de notre amitié, et j'ai du déployer des trésors d'ingéniosité pour le dissimuler et le conserver durant ces trente sept ans de souffrance, mais, le voici, ma mission est accomplie.
Je vous quitte maintenant et vous laisse avec nos fantômes. Je ne peux rester car tout cela est trop douloureux pour moi."
Elle me tendit un livre, emballé de papier brun et une enveloppe, puis elle sortit et disparut dans la brume du soir...

L'enveloppe contenait une lettre d'adieu d'Eva que je lus et relus en pleurant, bien des années durant.
Quant au livre, il s'agissait évidemment du Necronomicon. Ce fut un tournant dans ma vie.
Je vendis ma société et quittais l'Autriche pour m'installer dans le sud de la France, plus propice au planeur, pour y profiter de ma retraite. Je me passionnais alors pour l'occultisme et l'univers de Lovecraft et parvins à progresser rapidement dans ces connaissances dangereuses grâce au don d'Eva et à la fameuse pochette, récupérée sur le corps de Müller, que j'avais conservée et qui contenait un résumé de tout son savoir maudit. Je visitais bien des lieux étranges de par le monde, de la Nouvelle Angleterre aux plateaux du Tibet.
Après de multiples expérimentations, je parvins à mettre au point un rituel, qui, en utilisant une réplique, permettait de piéger les esprits mauvais qui avaient perverti l'essence pure de la machine réelle et influençaient de façon maléfique leur entourage. Je collectionnais alors le plus possible de maquettes plastiques qui étaient les plus adaptées à cet usage et formait des disciples à mes techniques pour poursuivre mon œuvre après ma mort. Ainsi naquit la Guilde des Maquettistes qui survécut à l'Apocalypse nucléaire et poursuit sa tâche de nos jours grâce à vous.
Le première maquette que j'avais utilisé avec succès pour piéger un démon était un camion Opel Blitz au 1/72. C'est pour cela que le symbole de la Guilde est un éclair semblable à celui de cette marque de véhicule.
Aujourd'hui est le plus beau jour de ma vie puisque je retrouve à la fois Eva, une nouvelle jeunesse et la preuve que la Guilde que j'avais fondée, a su perpétuer victorieusement au travers des siècles son idéal de lutte contre le Mal.
Je m'adresse alors à Zegaoua :
-"Pardonnez ma curiosité, mais qu'est devenu le Necronomicon ?"
-"Vous le trouverez, enterré dans un coffre, dissimulé sous le sol du garage où vous avez découvert votre Gotha. Prenez en soin et veuillez à ce qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains."
Maitre Jicéhem prend alors la parole :
-"Je m'en occuperai en personne. Dés demain, je ferai venir une équipe de Kadath pour récupérer le livre et votre précieux stock."
Puis il se tourne vers moi :
-"Quant à toi, Jan, tu dois regagner la citadelle le plus rapidement possible avec Evy, pour y présenter ta maquette, prison éternelle de Hans Müller avant le terme de l'Epreuve."
Je panique soudain :
-"Hélas, maître, il est déjà trop tard, l'Epreuve se terminait le 30 Mars et nous sommes déjà le 11 Avril."
-"Saches, disciple de peu de foi que le conseil de la Guilde, a, dans sa grande mansuétude et compte tenu des piètre résultats des candidats, repoussé le délai jusqu'au 13 Avril. Alors va vite, ne perds plus de temps."
Je sifflai mon shantak qui nous ramena, Evy et moi, à tire d'aile jusqu'à la forteresse de la Guilde où je présentai sans tarder mon Gotha 242 Italeri au jury de l'Epreuve.

Vous l'avez compris, les photos finales, c'est pour demain...

Ouahhhhh !

La fin vaut largement le début, vite les photos

Nous sommes l'après midi du 1er Novembre 1943 en Ukraine occupée. Le SS-obersturmbannführer Hans Müller a réquisitionné un planeur Gotha 242 et son pilote , le leutnant Andrea Spitz pour une mission commando dans les lignes ennemis.
Ce sont les derniers préparatifs. Le Heinkel 111 remorqueur est prêt à mettre ses moteurs en route. Les SS chargent divers matériel dans le planeur. L'officier SS donne ses dernières directives au pilote.
A l'arrière plan , on aperçoit le Junkers 52 qui a déposé Müller et ses hommes dans la matinée.

Bravo à toi pour ce dio vraiment magnifique ! Concernant ton planeur, ton montage est nickel, et j'aime particulièrement ton traitement des tâches blanches aux pinceaux

Alors là .......... Chapeau bas,

Les maquettes, le diorama et le récit ne font plus qu'un !

Avec quelques surprises en plus, le baraquement, le 190 caché sous la neige ......

D'ailleurs comment as-tu fait cette neige ?

Serge Texier a écrit:Alors là .......... Chapeau bas,

Les maquettes, le diorama et le récit ne font plus qu'un !

Avec quelques surprises en plus, le baraquement, le 190 caché sous la neige ......

D'ailleurs comment as-tu fait cette neige ?

La neige, c'est du bicarbonate de soude. Pas cher, non toxique car alimentaire et réaliste.

Magnifique! , superbe épilogue

Bonjour Jan Kytop, monteur de la Guilde,

Sacré travail sur ce planeur et le diorama très vivant et fort bien raconté .
Ton récit m'a laissé sans voix mais je l'ai bien apprécié, Bravo !!!

A+
Alain

Et tu le fixes comment ce bicarbonate ? Colle blanche ?

Serge Texier a écrit:Et tu le fixes comment ce bicarbonate ? Colle blanche ?

Il n'est pas fixé mais déposé en pluie sur des draps en papier blanc puis travaillé avec un pinceau pour faire les traces (de roues, pas, etc.). Le diorama n'a existé que le temps de la prise des photos car je n'aurai pas la place pour une surface pareille. Donc, tout est démontable mais peut être reconstitué pour une expo par exemple. C'est un diorama éphémère.

Mes sincères félicitations,

Le simple fait que cet éphémère ait été immortalisé par des photos le hisse au même niveau que ton récit ......

Merci beaucoup ainsi qu'à tous ceux qui ont laissés des commentaires.

Le diorama est magnifique, grand bravo, pour ta creativité et tes talenrs maquettistes

Sacré diorama !

Merci à tous.

Encore un grand final, c'est merveilleux Jan, bravo.

Sujet original et beau diorama.

"Il est 22 heures et j'ai du mal à trouver le sommeil dans ma petite chambre de la forteresse de Kadath.
Certes, je n'ai plus à m'inquiéter pour l'Epreuve puisque j'ai remis ma maquette à temps au jury de la Guilde et que ma mission est remplie, mais je ne peux m'empêcher de repasser en boucle tous les événements inimaginables de ces derniers mois.
Maitre Jicéhem m'a fait parvenir des nouvelles d'Andrea et d'Eva. Ils ont décidés de se marier puis de partir en voyage de noces. Quand ils reviendront, ils souhaitent rester incognito mais rejoindre nos rangs comme simples Monteur-Traqueur et poursuivre ainsi leur œuvre.
Je sursaute brusquement car une silhouette noire vient de bouger dans la pénombre, à deux pas de mon lit. Plus vive qu'un éclair, elle se positionne alors dans le rayon de lune que la fenêtre laisse filtrer. Je reconnais Evy. Décidemment, je n'arriverai jamais à m'habituer à ses manières de Ninja.
-"Je n'arrivais pas à dormir", dit elle. "Après tous ces moments éprouvants, passés ensemble, il serait juste que nous nous détendions un peu tous les deux!"
Elle dénoue son turban et ses cheveux blonds, libérés, cascadent souplement autour de sa tête.
Elle défait sa tunique et la laisse glisser à ses pieds.  
Elle est entièrement nue et son corps magnifique baigne dans la lumière dorée de l'astre de la nuit.
Elle se glisse avec moi sous la couette...