[Italeri] 1/72 - Gotha 242 (go242)

A peine sorti de la salle, nous nous apercevons que cette revue de kit qui a frôlée la catastrophe, a déjà mis en émoi une partie de la forteresse.
Les hautes autorités de la Guilde qui ont été avisées de l'incident, ont décidé de reprendre les choses en main et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles ne sont pas du tout satisfaites.
Après un court séjour à l'infirmerie où Evy est pansée (c'est superficiel heureusement) et où je suis rassuré sur mon état mental et l'intégrité de mon système reproducteur ; nous sommes longuement interrogés et nos témoignages confrontés par des enquêteurs cherchant à faire toute la lumière sur les funestes événements de la matinée.
En début de soirée, nous sommes tous réunis dans l'une des salles d'audience pour ce qui ressemble fort à un conseil de discipline. Il y a là Ezdanitoff, Evy, le grand archiviste Jicehem, le responsable de la préparation des Epreuves Morziff von Poliester, plusieurs greffiers et secrétaires et le bras droit du Grand Maitre en personne, l'austère Hubert Ponceur de l'Ebarbure. Celui ci ouvre la séance...

-"Disciples et maitres, Guildeurs mes frères, nous voici ensemble pour délibérer de la conduite à tenir face à la menace qui s'est dévoilée lors de la cérémonie de l'ouverture de boite du jeune disciple Jan Kytop. Pareil événement ne s'était pas produit à ce stade depuis plusieurs siècles.
La situation est donc d'une gravité extrême puisqu'un esprit machine corrompu de grande puissance a réussi à pénétrer notre monastère malgré ses défenses et a failli posséder l'un des nôtres.
Nous pensons qu'elle est le résultat de la conjonction de deux facteurs inédits."
Il se tourne vers moi.
-"Disciple Jan, la séance de ce matin a révélé en vous la présence d'une singularité rare et précieuse mais aussi très dangereuse.
Vous êtes un Prescient c'est à dire que vous possédez une disposition qui vous permet d'établir un contact direct et extrêmement fort avec les démons que vous souhaitez piéger. Si vous parvenez à la canaliser, elle fera de vous un Monteur exceptionnel, capable d'enchainer dans vos maquettes les pires créatures.
Le revers de la médaille est qu'elle peut vous rendre terriblement vulnérable si elle est mal maitrisée.
C'est ce qui vient de se passer.
Votre père et mentor, Maitre Ezdanitoff l'avait soupçonné mais il a pris peur pour vous et a préféré l'occulter et nier votre don, ce qui n'était pas la bonne décision à prendre car la Prescience finit toujours par se manifester et il vaut mieux y être préparé."
Ezdanitoff se lève et s'incline.
-"Frère vénéré," dit il, "je suis entièrement coupable de cette faute et je vous présente ma démission de mon poste de maitre. Je vous prie seulement de bien vouloir me permettre de continuer à servir notre Guilde comme simple traqueur."
Ponceur de l'Ebarbure l'interrompt :
-"Il n'en est pas question, maitre Ezdanitoff. Nous vous gardons en haute estime et ce garçon va, plus que jamais, avoir besoin de votre science et de votre votre expérience pour espérer survivre et triompher..."

-"Quant à vous, Traqueuse Evy, vous avez fait preuve d'une dangereuse légèreté en omettant de nous faire part de vos soupçons concernant la prescience de Jan Kytop et les dangers qui pouvaient en découler.
Vous avez certes tenté de minimiser les risques en prenant des précautions supplémentaires lors de cette malheureuse revue mais elles se sont révélées notoirement insuffisantes. Vous n'êtes toutefois pas à blâmer complétement car nul ne pouvait envisager une attaque démoniaque aussi forte."
Evy se lève alors, mais, d'un geste de la main, de l'Ebarbure la fait rasseoir.
-"Il est hors de question que vous me demandiez vous aussi votre démission. Vous êtes l'un de nos meilleurs Traqueurs et votre rôle reste de protéger votre Monteur jusqu'à la fin de l'Epreuve"...

... eh eh .... Excellent ! J'adore

-"Abordons maintenant la partie la plus épineuse de cette affaire.
Le démon associé à cette maquette est d'une puissance infiniment plus grande que ce que nous aurions pu prévoir.
Nous faisons en sorte que les novices qui passent leur première épreuve, ne soient jamais confrontés à des perversions trop dangereuses. Il est évident que, dans le cas présent, les forces du Mal nous ont manipulées. Nous avons ouvert une enquête interne pour comprendre ce qui a pu se passer.
Ce que nous avons pu déduire de vos témoignages, c'est que l'être humain qui a corrompu l'esprit machine de ce Gotha 242 était un colonel SS du nom de Müller. Ce qui est assez inhabituel car en général, c'est le pilote de l'aéronef qui le pervertit. Il faudrait en savoir plus sur l'histoire particulière de ce planeur.
Les SS étant bien connus pour les atrocités qu'ils ont perpétrés, il n'est pas étonnant que le Mal soit ici si fort.
Malheureusement, il n'est plus possible de revenir en arrière. Une fois la revue de kit achevée, le montage et la capture doivent être menés à leur terme.
De ce fait, disciple Jan Kytop, le combat qui t'attend sera très difficile.
Nous t'apporterons toute notre aide mais saches qu'au dernier moment, c'est toi et toi seul qui devra briser la créature et l'enchainer à sa maquette..."

quel suspense !!!!! :suspect: :suspect: :drunken:


Pierre

-"Dans les débuts de ton montage, tu pourras ressentir certains troubles et souffrir d'hallucinations mais ce n'est qu'arrivé au stade de la finition, après peinture de ta maquette que le démon redeviendra dangereux et pourra menacer ton intégrité physique et psychique et tentera de te soumettre et de t'attirer à ses cotés.
Il te faudra alors redoubler de prudence et de maitrise.
Tout au long de l'assemblage de ta maquette, tu tiendras un journal où tu noteras les progrès de la construction, tout ce que tu ressens et les visions que tu éprouveras. Nous pourrons ainsi évaluer les risques et t'aider.
Demain, dans la matinée, frére Jicéhem, notre respecté grand archiviste t'aidera à rassembler la documentation dont tu auras besoin. A cette occasion, tu seras amener à choisir la décoration que porteras ton Gotha. C'est une autre étape cruciale, car, pour mieux piéger l'esprit mauvais de la machine, il est capital que l'aspect de la réplique se rapproche le plus exactement possible de l'engin réel impliqué.
Tu suivras ton intuition, elle ne peut pas te tromper. Alors, le montage pourra commencer!
Disciples et maîtres, Guildeurs mes frères, la séance extraordinaire est levée.
Que chacun se mette au travail pour la plus grande gloire de notre Ordre."
Fiers et regonflés à bloc, nous nous levâmes tous pour saluer la sortie des dignitaires en proclamant d'une seule voix :
-"Gloire et honneur à la Guilde des Maquettistes..."

hum! ça sent le plastique par ici

Pierre

Montage en vue?

Dans les profondeurs souterraines de la mystérieuse Kaddath , s'étendent des kilomètres de galeries, renfermant la plus grande bibliothèque maquettiste de tous les temps.
Depuis des siècles , des milliers de traqueurs de la Guilde ont explorés, au péril de leur vie, les vestiges perdus des continents ravagés par l'Apocalypse nucléaire pour en arracher la documentation utile au travail des Monteurs.
Livres, revues, photographies, disques durs, cd, dvd, enregistrements, archives, plans ; tout ce qui pouvait présenter un intérêt a été récupéré, analysé, trié et classé.
Le maitre d'œuvre de cette gigantesque entreprise est le Grand Archiviste : Maître Jicehem.
Non seulement il veille inlassablement au bon fonctionnement de ce service essentiel de la Guilde, mais de plus, il s'investit lui même dans des recherches poussées sur les démons machines les plus dangereux, notamment ceux de l'aviation allemande de la seconde guerre mondiale, sujet où il excelle.
C'est par ailleurs, malgré ses lourdes responsabilités, la personne la plus affable et serviable qui soit, toujours prêt à faire profiter de son immense savoir, même le novice le moins expérimenté.
C'est également un Monteur hors pair qui a su emprisonner de redoutables créatures au sein d'innombrables et fabuleuses maquettes.
C'est cette légende vivante de la Guilde qui me reçut dans son bureau, ce matin là...

Quelle chance !!
Philippe

Maître Jicéhem a rassemblé devant lui toute la documentation qu'il a pu trouver dans les archives de la Guilde sur le Gotha 242 et sa maquette Italeri. Elle est évidemment bien moins abondante que pour des machines plus connues tels que les chasseurs, mais néanmoins suffisante pour mon travail de Monteur.
Nous avons en particulier:
-German gliders in WWII de Heinz J. Nowarra
-Replic 47, sa revue de montage et son photoscope
-Air International de Décembre 1989 avec un article sur l'appareil et son écorché
-Air Enthusiast d'Avril 1972 sur les planeurs de la seconde guerre mondiale
-Un CD de documents technique d'époque sur l'engin
-Wing Masters 30
-d'innombrables photos provenant des disques durs, fichiers, album photos, etc...(pour en avoir une idée, tapez Gotha 242 sur Google)
https://www.google.fr/search?q=gotha+242&biw=1053&bih=884&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=2-50VPWGM8P5avWbgtAP&sqi=2&ved=0CAYQ_AUoAQ



Il me donne les documents et me recommande de les parcourir :
-"Choisis maintenant la décoration dont tu vas peindre ta maquette. Parcours les magazines et les clichés que j'ai collectés.
Si l'appareil lié au démon que tu traques y figure, sa photo t'interpelleras et tu le reconnaitras tout de suite...

Je commence à passer en revue les nombreuses photos de Gotha 242 mises à ma disposition. On y remarque notamment l'omniprésent TD IU, photographié sous tous les angles avec son impressionnante gueule de requin mais aussi tous les autres, ayant combattus sur tous les fronts, des sables brûlants de l'Afrique aux toundras glacées du Grand Nord.
Toutefois, je commence bientôt à désespérer. Il faudrait un miracle pour que le planeur précis lié au démon que je suis sensé mettre hors d'état de nuire ait été pris en photos. Après tout, plusieurs centaines de Gothas 242 ont été fabriqués et tous ne se sont pas fait tirer le portrait. Sans compter que de nombreux clichés ont du disparaitre pour toujours depuis.
Et pourtant...
En feuilletant l'ouvrage de Nowarra, je remarque page 27, un exemplaire portant un camouflage hiver qui me fait soudain dresser les cheveux sur la tête.



Je montre la photo à Jicehem.
-"C'est lui," dis je, "j'en suis sûr"
Le montage et la traque vont pouvoir commencer!...

Le lendemain matin, je fus installé dans une vaste salle, largement éclairée par de grandes baies vitrées, donnant sur une terrasse de la forteresse et disposant de toutes les commodités nécessaires pour y résider plusieurs semaines.
En effet, en raison de la dangerosité supposé de la construction, des gardes furent postés à l'extérieur et il me fût fortement recommandé de ne plus en sortir tant que le modèle ne serait pas achevé. Par contre, il m'était heureusement possible de  recevoir des visiteurs de l'extérieur.
La prison était dorée mais c'était tout de même une prison.
Tout le matériel nécessaire au montage de ma maquette y avait été amené et disposé sur une grande table, placée au centre de la pièce ainsi que dans divers meubles de rangement. Je devais également prendre des notes sur toutes les étapes de l'assemblage et sur les visions et hallucinations qui ne manqueraient pas de me visiter.
Je m'assied devant la table sous les regards inquiets d'Ezdanitoff et de Evy venu m'encourager, ouvre la boite Italeri et en sort une première grappe de pièces. C'est parti...

Allez, feu, comme on dit dans l'inquisition :batman: :batman:

Pour plus de dynamisme dans la maquette, j'ai choisi de représenter les différentes gouvernes plus ou moins braquées.
Je commence donc par découper avec un cutter les ailerons et les volets sur les ailes puis l'empennage horizontal.
Pour l'empennage vertical, il est fourni déjà séparé.





J'ai à peine terminé que je perds contact avec la réalité car une première vision me subjugue.
J'ai douze ans et pour me récompenser de mes résultats scolaires, mon père m'a emmené assister aux vols de préparation de la plus grande compétition de vol à voile d'Allemagne qui comme chaque année se tient en un lieu appelé Wasserkuppe.
Nous sommes le 22 Juillet 1932 et l'appareil qui s'apprête à décoller est le plus grand planeur du monde.
C'est l'Austria de l'autrichien Robert Kronfeld et il mesure trente mètres d'envergure. Il est surnommé l'éléphant en raison de sa taille et de la couleur grise de son revêtement.
Nous le regardons prendre l'air, tracté avec peine par un avion remorqueur trop peu puissant pour le monstre.
Bientôt, il commence à spiraler sous les nuages, loin au dessus de nous. La magie de ce spectacle me met les larmes aux yeux. C'est décidé, je veux devenir pilote de planeur et évoluer tel un oiseau dans l'azur immense.
Là haut, l'Austria vient de pénétrer dans un nuage. Quelques minutes plus tard, les morceaux du grand planeur brisé en vol s'abattront dans un champ à proximité. Kronfeld sauvera sa vie grâce à son parachute.
Mais ma détermination restera intacte...
http://www.j2mcl-planeurs.net/dbj2mcl/planeurs-machines/planeurs-docs_0int.php?n=772
(A l'intérieur du nuage, malgré son instrumentation, Kronfeld n'ayant plus aucun repére, a engagé malgré lui son appareil dans une vrille à grande vitesse qui l'a rompu : ndt ).

Après un préambule haletant  demon7 , nous voici au démarrage proprement dit de ton démon.  

Moi, ca me fait plus penser à un fer à repasser qu'à un éléphant ... Tiens, en parlant d'éléphant, pourquoi ne pas envisager un Ju322 "Mammouth" pour transporter ta série de planeurs ??

Ah chouette, le début, mais bon, la prose n'est pas à déplaire nonplus.

Je continue avec le collage des ailes, extrados contre intrados et des 2 poutres, coté droit contre coté gauche.



Pas de nouvelles hallucinations à signaler.

Le fil rouge, sur le bouton rouge ; le fil vert, sur le bouton vert. Si j'connaissais l'con qu'à fait sauter l'pont !!
Oui, je sais, mon démon me donne un peu de fil à retordre en ce moment...
Philippe

l'ancêtre du nord atlas a la mode teutone

Pierre

fourneau a écrit:l'ancêtre du nord atlas a la mode teutone  

Pierre

Sans oublier les Fairchilds américains!

Sooooors de la boite a Jan !!!!!

Au niveau du poste de pilotage, je commence par supprimer les palonniers qui ne ressemblent à rien et la boite centrale qui n'existe que sur le Gotha 244.





Presque aussitôt, je me sens glisser dans la peau du personnage qui m'a déjà hanté précédemment. Cela n'a rien à voir avec la possession démoniaque dont j'ai été victime lors de la revue de kit et s'apparente plutôt à l'invitation d'un ami.
L'enfant de la vision précédente a laissé la place à un jeune adolescent.
-"Aujourd'hui," dit il, "je vais vous raconter ma première fois, la première fois où j'ai réellement volé.
Nous sommes le 7 Juillet 1935. Un vent léger et parfumé caresse la pente herbeuse constellée de fleurs sauvages d'une petite colline face aux Alpes autrichiennes.
Les jours précédents, j'ai passé de longues heures aux commandes de Gustav, notre vieux planeur poutre qui ne vole plus, mais qui, suspendu sous un portique face au vent par une rotule articulée, permet au débutant l'apprentissage des bases du vol.
J'ai ensuite effectué de nombreuses glissades successives de plus en plus longues le long de la pente, et sans rien casser, s'il vous plait.
Mon moniteur a donc estimé que j'étais prêt pour le grand saut.
Sanglé sur le siège de mon Grunau 9,
https://fighters.forumactif.com/t68713-planeurs-grunau9-norvege-1942-1-72-humablue-rider?highlight=planeurs
fragile assemblage de croisillons de bois muni d'une aile, je regarde avec appréhension les deux branches du sandow s'étirer en V devant moi, à gauche et à droite, tendues par mes camarades.
Le planeur dont la queue est maintenue au sol par une corde fixée à un piquet gémit doucement sous la traction.
Le sandow arrivant à son étirement maximal, je donne le signal en levant le pouce.  
La corde est tranchée et je suis catapulté dans les airs.
L'instant est magique mais je n'ai guère le temps de le savourer car ma machine dont la finesse doit égaler celle d'un fer à repasser commence à s'enfoncer inexorablement vers le sol. Je m'incline doucement pour suivre la ligne de crête qui prolonge la colline sur la droite. Le Grunau frémit et sa chute se ralentit puis se stabilise. Emporté par les courants ascendants jouant sur la pente, il commence même à monter.
Comme le vent forcit, je parviens à me maintenir facilement en l'air en décrivant des huit, le long du relief.
Je me pose tranquillement dans l'herbe, une heure plus tard, sous les vivats de mes camarades.
La nuit sera longue et arrosée autour du feu de camp.