[Italeri] 1/72 - Gotha 242 (go242)

Très chouette ta tante Ju

Une créature cauchemardesque vient de se poser sur l'esplanade devant la pentacle. Je n'ai jamais rien vu de tel et je suis terrorisé. La bête, qui a vaguement l'allure d'un dragon des légendes anciennes est pourvue de deux ailes membraneuses de l'envergure d'un Junkers 52 mais sa tête massive ressemble à celle d'un monstrueux cheval. Elle semble flotter au sein d'une brume légère qui floute par moment ses contours.
J'avais gardé le secret espoir que Müller n'était qu'un illuminé dangereux et que l'univers maléfique qu'il tentait d'invoquer n'était qu'une élucubration d'un écrivain fantastique en mal de sensations mais je prends soudain conscience que je me suis bien trompé et que la situation est encore pire que ce que je croyais.
Pourtant, Müller ne semble pas particulièrement réjoui par l'apparition. Il parait même furieusement contrarié.
D'autant que la bête, s'inclinant légèrement sur le coté avec une grâce improbable, vient de déposer le cavalier qui la montait.
A ma grande surprise, ce n'est pas un monstre cornu, vomi de l'enfer mais un homme d'un certain âge, à l'allure distingué et arborant une petite barbe. Il porte un pourpoint de velours bordeaux totalement incongru, barré d'une broche dorée en forme d'éclair et il ne semble absolument pas impressionné par ce qui se passe ici.
Il se campe alors face au chef SS et commence à lui parler d'une voix calme mais autoritaire, sans hausser le ton, comme un professeur réprimandant un élève turbulent...

Merci vincentm et MS-505.
Pose des moteurs :

Beau Junkers
Il manque une hélice ???

Jasper Joker II a écrit:Beau Junkers
Il manque une hélice ???

Merci.
Le montage n'est pas fini.

-"Relâchez votre emprise, Hans Müller, vous n'êtes plus de ce monde et vous ne pouvez en modifier le cours".
Le obersturmbannführer est fou de rage. Il ordonne à ses kommandos de se saisir de l'homme en pourpoint mais les SS semblent paralysés, incapables de se mouvoir. Il apostrophe alors directement l'apparition.
-"Arrière, Jicéhem, valet de la Guilde, tu n'as aucun pouvoir ici car tu es dans MON rêve. Tu ne peux interférer avec MA réalité. Disparais à jamais."
Mais l'homme ne s'en laisse pas conter et il réplique:
-"C'est vous , Hans Müller qui n'avait aucun pouvoir ici, car toute votre manipulation n'est qu'un artifice, basé sur un mensonge.
Vous n'avez, jadis, jamais capturé Eva Zwezda ni Andréa Spitz, jamais attaqué ni brulé ce village et ses habitants. Et ce parce que VOUS ETIEZ MORT AVANT!
Et en voici la preuve."
Il sort d'une poche un vieux papier jauni et froissé et lit:
-"Rapport du leutnant Friedrich Shahl, compagnie d'éclaireurs.
Le 2 novembre 1943, alors que nous étions en patrouille, à la limite de nos lignes, le long de la rivière Yela, afin d'évaluer les mouvements des troupes russes, nous avons trouvé le planeur Gotha 242 codé TD+IP, décollé la veille, écrasé dans la forêt. Le chef du kommando, identifié comme le obersturmbannführer Hans Müller était mort dans l'épave ainsi que tous ses hommes"
Müller parait vaciller et se met à trembler.
Son interlocuteur lance alors d'une voix forte qui claque comme un fouet:
-"A TOI JAN KYTOP"...

INSOUTENABLE SUSPENS !!!!!!!!!!!!!!!

A ces mots, je reprends instantanément mes esprits.
Le paysage se modifie autour de moi. La neige a disparu et si nous sommes toujours aux abords d'une forêt, le promontoire ne domine plus un cours d'eau en crue mais les restes enfouis d'une ville oubliée.
Ce n'est plus Eva qui est attachée à ma droite mais Evy.
Enfin et surtout, je ne suis plus Andrea Spitz, pilote de la Luftwaffe mais Jan Kytop, monteur de la Guilde.
Maitre Jicéhem me fait face, flanqué de son puissant shantak. C'est à ses techniques de réveil sous hypnose grâce à des mots clés, expérimentées lors de notre nuit de travail, avant mon départ de Kadath, que je dois d'avoir pu échapper à l'emprise du démon. Mais le plus dur reste à faire.
Car Müller est toujours là, ébranlé certes, mais toujours dangereux.
J'entonne d'une traite la litanie de conjuration apprise à la Guilde.
-"Per sanctum Gildam, Exorcizamus te omnis immundus spiritus omnis satanica potestas omnis incursio infernalis adversii omnis congregatio secta diabolica ergo draco maledicte ecclesiam tuam securi tibi facias libertate servire te rogamus audi nos."
Le obersturmbannführer pousse un cri démentiel et cherche à se jeter sur moi mais il reste figé sur place, à se tortiller épouvantablement comme si il était en proie à d'horribles souffrances.
Au fur et à mesure que j'égrène la formule rituelle, il semble se recroqueviller tout en dégageant une fumée pestilentielle.
Ses soldats s'affaissent sur le sol comme des pantins aux ficelles tranchées et il ne subsiste bientôt plus d'eux, que leurs tenues sales et mitées, comme abandonnées en tas sur le sol, vides de tout corps.
Cependant, ce qui a été Hans Müller, continue de se racornir et de se rétracter et lorsque je prononce le dernier mot de la conjuration, il ne reste plus de lui qu'une pépite sombre et brillante, posée au milieu des brins d'herbes : la pierre d'âme du démon.

Cette pierre est à la fois son ultime protection et le refuge où il va se ressourcer pour reprendre des forces et contre-attaquer avec une vigueur accrue. Je n'ai donc que très peu de temps pour le contrer définitivement...

Maitre Jicéhem tranche les liens qui me maintenaient attaché et me tend un coffret qu'il amené avec lui dans les fontes de sa monture.
Il contient, soigneusement protégée, la maquette du Gotha 242 Italeri que j'ai assemblé pour l'épreuve et une petite trousse d'outils maquettistes. Je détache la pointe arrière basculante du modèle réduit et la pose prés de moi.
Je ramasse alors la pierre d'âme du démon et la saisit avec ma pince pour la glisser dans le coffre, préparé à cet effet.







Le couvercle, frappé du sceau de la Guilde, est badigeonné d'une colle puissante et posé sur l'ouverture qu'il clôt hermétiquement.



Je prononce d'une voix forte la dernière invocation qui vient consacrer mon triomphe :
-"Moi, Jan Kytop, Monteur de la Guilde Maquettiste, je t'emprisonne, toi Hans Müller, démon corrupteur, et ce pour l'éternité, au sein de cette réplique et par ce fait, je libère l'esprit machine du Gotha 242 TD+IP que tu avais perverti."



Le profond silence qui s'était abattu sur la forêt est brutalement rompu.
Les oiseaux se remettent à chanter...

Alors là !!!!!!

Il faut nous montrer la boite !


édit ....


Suis-je bête, les photos n'avaient pas eu le temps de se charger ......


J'ai vu la boite, je suis rassuré, le démon est bien emprisonné !

Ton post est excllent en tout point, bravo Jan.

Mais l'histoire n'est pas finie!
Que sont devenus Andreas, Ewa et Evy?

MS-505 a écrit:Mais l'histoire n'est pas finie!
Que sont devenus Andreas, Ewa et Evy?

Merci à tous pour vos commentaires.
La suite dans l'épilogue!

Pour vous faire patienter un peu en attendant les photos de fin de concours du Gotha ; voici le Junkers 52 du kommando Müller au matin du 1er Novembre 1943.
Maquette Heller au 1/72 en tenue hivernale, montée spécialement pour l'occasion. Notez que pour entretenir le secret touchant à ses déplacements, le obersturmbannführer a fait badigeonner les codes de son avion et même l'insigne d'escadrille, un Ju 52 parfaitement anonyme!

""Un pâle soleil a chassé la brume et le ballet des avions de transport a commencé.
Junkers 52, Heinkels 111, Gothas 244 se posent ou décollent les uns après les autres en une noria incessante.
Mon copilote, qui m'a rejoint, me désigne un trimoteur anonyme qui vient d'atterrir et stationne prés du bâtiment principal.
Il frisonne.
-"C'est pas bon, ça," fait il. "Tu as vu les types qui sont descendus de la tante Ju, là bas ? Ce sont les "Neufs", un kommando spécial de la SS. Leur chef est un obersturmbannführer impitoyable. On raconte qu'il ne reçoit ses ordres que de Himmler en personne et qu'il écume la région à la recherche d'un trésor."
Je sors mes jumelles et les braque sur le groupe en tenue hivernale blanche. Leur chef porte une toque de fourrure à la russe et je le reconnais aussitôt. C'est Hans Müller, évidemment.
Mon copilote poursuit :
-" On dit aussi qu'ils ne sont pas humains"...

Très beau résultat final, beau camo et belle présentation dynamique.

Très belle Ju en effet , d'ailleurs j'affectionne particulièrement cet avion !

Merci pour vos commentaires.

bonjour à tous
bonjour Yan
tu es aussi bon maquettiste qu'écrivain
j'applaudis des deux mains et dès aujourd'hui

L'emprisonnement du démon Hans Müller marqua la survenue de plusieurs événements extraordinaires.
De ma maquette, jaillit presque aussitôt, une puissante colonne de vapeur colorée, qui se condensa au dessus de nous en une grande silhouette changeante, évoquant tantôt un planeur Gotha 242, immatériel et lumineux, tantôt un archange bienveillant aux ailes iridescentes. Elle s'inclina vers nous à plusieurs reprises, comme pour nous saluer, puis entama une rapide ascension et disparut dans les nuages. C'était l'esprit machine du planeur, libéré et purifié de sa perversion maléfique qui regagnait le ciel.
Dans le même temps, deux personnages en chair et en os se matérialisèrent sous nos yeux, et à notre grand étonnement.
C'étaient Andréa Spitz et Eva Zwezda, bien vivants, et ayant l'âge et l'apparence physique qu'ils devaient avoir le 1er décembre 1943, presque un millénaire plus tôt.
Ebahis puis émerveillés, ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre en une étreinte fougueuse et interminable. Il faut dire qu'ils avaient quelques années à rattraper.
J'en profitai, aidé de Maître Jicéhem,  pour libérer Evy, toujours ligotée à son arbre mais toujours aussi craquante. Les goules qui la gardaient, avaient fui sans demander leur reste. Elle me gratifia d'une grande tape dans le dos et me complimenta sur la façon dont j'avais réussi à circonvenir l'abominable obersturmbannführer.
Andrea nous rejoignit alors, tenant Eva par la main et nous fit le récit de la part de son histoire que nous ignorions encore...

-"Les manigances de cet affreux Müller auront au moins servies à quelque chose. Il a si bien manipulé le passé et le présent, le rêve et la réalité qu'il a involontairement réussi à nous ressusciter, Eva et moi tels que nous étions en 1943. C'est dire à quelle connaissances occultes, il avait réussi à accéder.
Pourtant, nous sommes passés bien prés de l'horreur absolue. Si Müller était arrivé au bout de son rituel, il n'y aurait eu de récompense, ni pour lui, ni pour personne. Son seul résultat eut été le retour définitif du grand Chtulhu et de ses séides et la fin de l'humanité. Son savoir maléfique immense n'y aurait rien changé car il est des puissances qui nous dépassent infiniment et qu'il ne faut pas chercher à réveiller, mais le obersturmbannführer, aveuglé par son orgueil, n'aurait jamais voulu l'admettre.
Vous me connaissez sous le nom d'Andrea Spitz mais sachez qu'après la seconde guerre mondiale, pour en exorciser les horreurs, je pris le nom de ma mère italienne, née Zegaoua. "
Il sourit.
-"Je vous suis d'ailleurs très reconnaissant d'avoir retrouvé prés d'ici, une partie de ma vaste collection de maquettes, disparue, il y a si longtemps. Vous avez commencé à faire du bon travail avec et vous allez continuer , j'en suis sur."
Je m'exclame :
-"Vous êtes LE Andrea Zegaoua du carnet et du stock dans le vieux garage enfoui. C'est extraordinaire!"
Et Evy, qui a tout compris depuis un moment, ajoute :
-"Mais vous êtes bien plus que cela, vous êtes le Mage, fondateur de notre Guilde, n'est ce pas?"

-"Vous êtes très perspicace, mademoiselle, mais je vais y venir.
De mon enfance jusqu'aux années de guerre, vous savez déjà à peu prés tout grâce aux visions que Müller projetait en Jan pour tendre son piège. Ma passion pour le vol à voile, mon amour pour Eva, les horreurs du conflit, tout cela est vrai. Mais mon récit s'arrête au moment où je me prépare à atterrir avec le Gotha par delà la rivière. Il y a alors un hiatus de quelques minutes et c'est Müller qui reprend le récit en imposant sa réalité à Jan mais seulement après le posé du planeur et à partir de ce moment, tout est faux. C'est durant cette coupure que tout a basculé.
Dés le début de la mission, j'avais décidé d'en finir avec le chef SS. Je connaissais trop bien sa férocité et son absence totale d'humanité depuis l'épisode du village ukrainien et je savais qu'il ne cesserait jamais de traquer Eva et qu'il finirait par la trouver et la tuer. Toutefois, je ne pouvais évidemment pas espérer m'en débarrasser en l'affrontant directement, seul contre les "Neuf".
Je décidais donc de me sacrifier pour sauver Eva en crashant le planeur et son kommando .
Je n'avais rien d'un fou suicidaire mais après avoir retourné le problème en tout sens, c'était la seule solution que j'avais pu trouver.
En approche de la clairière, j'effectuai une brusque volte face et précipitai le Gotha à grande vitesse dans les arbres bordant la rive tenue par notre armée. Le choc fut effroyable..."

Et alors ???????????????

laurent 62 a écrit:Et alors ???????????????  

Ben, demain à la même heure , ceci-dit, je suis impatient aussi pour la suite de l'histoire.

J'interromps un instant Andrea pour exprimer mon étonnement.
-"Comment ce fait il que Müller n'est gardé aucun souvenir de ce moment dramatique et qu'il n'a pas su en tenir compte dans ses manipulations ?"
Andrea reprend la parole :
-"Je ne sais pas vraiment. Ce que je pense, c'est que Müller était dés le départ, un psychopathe entièrement dénué d'empathie et d'amour pour qui que ce soit. Que l'on puisse se sacrifier pour protéger un être aimé, était un concept qui lui était totalement étranger. Cela ne pouvait pas exister, et donc, il l'a complétement occulté. Ce qui vous a permis de le déstabiliser et de l'affaiblir pour entamer le rituel de réclusion.
Je repris mes esprits sur un tas de neige. Contre toute attente, j'avais survécu, sans doute protégé par les plaques de blindage frontal que j'avais fait installer. Mais, j'étais dans un sale état, les deux jambes brisées et des plaies moindres un peu partout. Le Gotha s'était éparpillé en des milliers de morceaux et ils étaient tous morts, les neuf. Je me trainais jusqu'au reste du cockpit.
Müller était assis, droit sur son siège et je crus un instant qu'il avait survécu mais une grosse branche acérée lui avait traversé le cœur, le clouant sur place. Lorsque j'y repense, j'en frémis. Vous savez que certains monstres, les vampires par exemple, ne peuvent être tués qu'en leur transperçant le cœur avec un pieu de bois. Que ce serait il passé sans ce coup du hasard ? Le obersturmbannführer aurait il ressuscité ? Je n'ose y songer. Il portait en sautoir une pochette de cuir qu'il ne quittait jamais. Je m'en saisis, sans trop savoir pourquoi.
La nuit tombait et le froid devenait insupportable.
Mu par une féroce envie de vivre qui me permit de surmonter la douleur, je parvins à m'abriter dans la pointe arrière du Gotha qui s'était arraché lors de l'impact et se dressait comme une petite pyramide, presque intacte. Je me glissai à l'intérieur et elle me protégea comme une cabane. J'y trouvai l'une des caisses du kommando et fus surpris de la voir remplie de cierges et de bougies. Cela me permit de me chauffer un peu et de ne pas mourir gelé . J'avais aussi mis la main sur une trousse de secours et je pus m'administrer des premiers soins.
Je passai malgré tout une nuit épouvantable, abruti de souffrances et de peur. Peur des loups, nombreux dans ces forêts, mais qui ne se manifestèrent finalement pas. Les animaux continuaient d'éviter le voisinage de Müller, même mort. Peur des "Neuf" après ce que m'avait raconté mon copilote : "On dit qu'ils ne sont pas humains, même morts, ils reviennent".
Au matin, j'avais finalement réussi à m'assoupir, terrassé par la fatigue et les piqures de morphine.
Un grattement sur les parois de mon abri me réveilla en sursaut...