[Concours "les 80 ans de FAFL"] Spitfire Mk XVI "Alsace" avril 1945 Eduard 1/48

Bonsoir !

Suite et fin de l'épopée de Jacques Andrieux.




Il est officiellement nommé au commandement du n° 341 Squadron "Alsace" le 1er septembre 1944.

Jaco n'a de cesse de faire briller le nom de son unité tout en rendant hommage à son ancien chef charismatique René Mouchotte, tombé le 27 aout 1943, et fera inscrire le nom "Commandant Mouchotte" sur plusieurs de ses avions.

Le groupe migre de terrain en terrain au gré de l'avance alliée .

Le 10 octobre, alors que l'Alsace est à Welveghem en Belgique, arrive un pilote vétéran et déjà célèbre : Didier Béguin, un ancien du "Normandie-Nièmen", il faisait partie du tout premier contingent de pilotes partis en Russie fin 1942 et fera la première campagne du "Normandie" avant d'être rapatrié.
Il prendra la tête de l'escadrille "Strasbourg".

Le 20 octobre 1944, Jacques Andrieux abat un Me-109, ce sera sa dernière victoire.
Le 11 Novembre 1944, Jacques Andrieux, Didier Beguin et Christian Martell sont fait Compagnons de la Libération par le général de Gaulle.


Au centre, Didier Béguin, à gauche Lucien Foissac,à droite Yves Corveler.
Béguin était très apprécié par Andrieux qui aimait sa discrétion et sa gentillesse:

" La joie que nous avons tous ressenti pour Béguin sera de trop courte durée...touché par la flak, il fut abattu en flammes et explosa au sol non loin de Wesel le 26 novembre.
Nous avions appris à le connaitre et à l'aimer, sa simplicité et sa modestie était à la hauteur de son courage, Il était et restera des nôtres"

Ce sera le souvenir le plus marquant de la guerre pour Andrieux, ce jour-là, le groupe doit escorter des B-17 américains, il est à la tête de la "Red section", au retour, ils sont pris à partie par la Flak, sous les yeux de "Jaco", la "Yellow section" que commande Béguin est disloquée:

"Un flocon noir apparaît devant l'avion de ce dernier, puis un autre derrière...et un troisième le touche de plein fouet...toute l'horreur et la cécité de la guerre gravées en moi !"


C'est aussi l'époque des terribles V-2 qui tombent sur Anvers, les 10 et 20 décembre 1944 où est stationné le groupe:



Les armes meurtrières feront 822 victimes parmi la population, et 18 avions seront détruits.



Photo prise le 1er Janvier 1945, à Anvers, pour fêter la nouvelle année et l'arrivée du capitaine Tanguy de Pefentenyo ( à gauche d'Andrieux, au centre)  qui vient d'arriver au groupe, il devient le second de "Jaco".


Quelques jours plus tard,  le groupe est retiré des opérations après 21 mois de combats ininterrompus...

"Période de repos qui arrive à point, les hommes sont terriblement fatigués, il est temps d'arrêter."


Il obtient une permission pour aller voir ses parents, mais celle-ci est annulée au dernier moment car il faut aller reformer le groupe "Alsace" de toute urgence à Turnhouse en Ecosse.
Il s'agit de transformer l'ensemble des pilotes sur le tout nouveau Spitfire Mk XVI. Des pilotes anglais frais émoulus des écoles de pilotage viennent étoffer le groupe.
Le 8 mars 1945, le capitaine Tanguy de Pefentenyo se tue à son tour durant un vol d'exercice, il était l'adjoint de Jaco, il venait à peine de rentrer de convalescence après un premier accident de vol .

Le lendemain 9 mars , le groupe "Alsace" est à nouveau opérationnel avec ses tout nouveaux Spitfire Mk XVI, il est aussitôt transféré vers la Hollande ou la bagarre fait rage.


Les missions de guerre se succèdent, le 21 mars, au-dessus d'Arnhem, en Hollande, Andrieux est touché encore une fois par la Flak , mais les dégâts sont mineurs...du moins le croit-il !
Jaco aperçoit deux Fw 190 en circuit d'approche pour le terrain d'Arnhem, ils ne l'ont pas vu et il en vise un, celui qui est en finale pour se poser...du gâteau pense t-il.

Il lance sa phrase favorite à chaque fois qu' il prend pour cible un "bandit":
"Fais ta prière mon gars!"
Il aligne son collimateur soigneusement sur les croix de fuselage du 190, appuie sur la détente de ses armes...et rien ! juste un bruit de bouteille d'air qui se vide.

"La Flak a détérioré le système de mise à feu de mes canons et mitrailleuses...j'enrage, d'autant plus que, dans un feu d'artifice sensationnel de la défense du terrain, qui semble bien peu se soucier de son Fw 190, le chasseur ennemi et le Spitfire se dégagent ensemble, et côte à côte de la flak !...
...Si j'ai volé côte à côte, en patrouille avec un "Jerry" ? mais cela m'est arrivé ce 21 mars !"  

1er avril 1945, missions de reconnaissance armées au Nord de la Hollande pour harceler les troupes allemandes qui se replient.

"Missions dangereuses entre toutes car ces gens-là ne sont pas manchots et l'ont prouvé maintes fois .
Une fois de plus -je ne les compte plus !- je suis touché par la Flak, et les jeunes pilotes qui n'avaient pas d'idées précises sur la Flak savent à présent ce que c'est.
Sept sections du groupe ont pris l'air ce jour-là et sur douze pilotes, trois ne sont pas revenus...et le soir nous fêtions nerveusement Pâques et le 1er avril"

Pour la petite histoire, Andrieux aura été touché 18 fois durant la guerre.

Le 10 avril, c'est au tour de Philippe de Saxcé de disparaître, touché par l'omniprésente Flak, il reprend de l'altitude pour sauter, mais son parachute s'accroche à ses plans et l’entraîne dans sa chute...juste avant de percuter le sol, son parachute se détache enfin mais il est déchiré et se met en torche.

Le 16 avril 1945, date marquante pour nos pilotes français, pour la première fois il se posent en territoire allemand, à Ligen-Drop exactement.

La fin est proche, mais les hommes sont à bout, Andrieux lui-même est sur le point de rupture:

"Nous sommes tous atteints par une fatigue morale et physique terrible...nos raisonnements et nos réflexes sont touchés, mais je me suis juré de ne pas lâcher mon groupe avec lequel j'ai effectué, depuis ma prise de commandement toutes les missions de guerres sans exception.
J'essaie bien de m'obliger au sommeil, mais ce sommeil-là n'arrange rien et n'apporte pas le calme. Ça m'est égal, j'irai jusqu'au bout..."

C'est le 28 avril 1945, que le groupe de chasse "Alsace" effectue sa dernière mission opérationnelle.
Sachant que la fin des hostilités n'est plus qu'une question de jours, l'Etat-Major veut tester une nouvelle tactique sur un vaste champ ou tout ce qui se trouve au sol est considéré comme ennemi.
Comme un "box" de bombardiers lourds, l'"Alsace" (groupe de chasse rappelons le) arrive en ligne à 11 000 pieds au dessus des nuages pour un bombardement à l'aveugle sans visualiser l'objectif directement.
La visée est effectuée par un contrôleur radar quelque part derrière les lignes alliées.

"Attention for bombing ! 4...3...2...1 top !"

Andrieux se fera répéter les ordres tellement il croit à un canular...mais non, le contrôle radar se permettra même de demander à l'un des Spitfire de resserrer correctement sur son ailier, pour avoir une formation bien alignée !

Le 2 mai, ils apprennent que Hitler est mort suicidé:
"Hitler a remis son âme à Dieu alors que le diable était tout de même plus indiqué"

C'est le 4 mai qu'ils reçoivent la nouvelle qu'ils attendaient tous: la reddition sans conditions des troupes allemandes d'Europe du Nord au Maréchal Montgomery.
C'est une immense clameur... pour arroser le grand événement, on débouche des bouteilles de champagne, et c'est à cette occasion qu'il sera blessé, sa seule vraie blessure "de guerre" en recevant le bouchon dans l'oeil !


Le médecin-capitaine du groupe, Charles Jaeger immortalise la chose .

C'est le 8 mai 1945, qu'il quitte le groupe "Alsace" avec près de 1000 heures de vol dont 400 de guerre.
• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 8 novembre 1944
• Grand Croix de l'Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 1939-45 (13 palmes)
• Croix de la Valeur Militaire (2 palmes)
• Médaille de l'Aéronautique
• Distinguished Flying Cross and Bar (GB)
• Silver Star (USA)

Jacques Andrieux connaîtra par la suite une belle carrière dans l'Armée de l'Air, et prendra sa retraite en 1965 avec le grade de Général.

Il décède le 21 janvier 2005 et repose au cimetière de Saint Georges de Didonne (Charente Maritime)



Tout cet exposé historique est tiré de plusieurs sources :
livre "Jaco le Magnifique"
Revues "les Ailes Françaises" n° 7, 8, 9, 10
site internet: "ciel de gloire" et "les as français" .


J'ai été vraiment motivé pour ce montage qui m'a permis de découvrir une personnage hors du commun, véritable héros de France.

J'envisage de monter d'autres avions piloté par Jacques Andrieux...j'aimerais bien un Spitfire Mk V lorsqu'il était au n° 130 Squadron avec son pote Roland Leblond, mais aussi un Spit' Mk XII au n°91 Squadron avec Jean Maridor...et pourquoi pas un Mk IX.

Bonjour !

et voilà mon Spitfire terminé !

J'aurais bataillé...entre le pare-brise qui s'est flingué, et les lettres-code qui me manquait, mais il est enfin fini !

J'ai mis la touche finale avec le fil d'antenne fouet avec du fil de pêche teinté en noir.
Et bien sûr, les lettres que m'a gentiment envoyé Tiger64...Merci encore Francis !


 Voici une photo pour conclure...

Photos prises en extérieur, mais à l'ombre pour ne pas avoir de contraste, j'aurais bien sûr préféré le photographier dans son "milieu naturel" à l'aérodrome, mais on fait comme on peut !

...et les autres par ici:

http://fighters.forumactif.com/t93567-concours-fafl-spitfire-mk-xvi-de-jacques-andrieux-avril-1945-au-1-48#1879879

Je remercie tous ceux qui m'on aidé et encouragé pour ce montage qui m'a motivé, le sujet s'y prêtait et c'est l'occasion de rendre hommage à un héros de la France Libre.

A plus pour de nouvelles aventures ! et aussi pour le prochain concours...là encore de beaux projets en perspective !