Le Trebouliste . Langoustier "FAFL" [Heller + scratch] 1/125

Bonjour à tous,


J'ai comme projet cette année de monter  certains des avions qui ont servis à des futurs FAFL à quitter la France. Du plus petit, le Zlin XII de Maurice Halna du Fretay au plus gros, le Farman 222  emprunté par James Denis pour emmener 17 volontaires en Angleterre.
Mais la plus grande évasion a été à bord d'un bateau, le Trébouliste. Je me dois donc de commencer par celui ci.
Son histoire est bien connue de ceux qui s'intéressent aux FAFL. Pour ma part, c'est dans les carnets de Marc Hauchemaile , édités par Philippe Chéron sous le titre "Bonsoir Nadette" que j'ai trouvé la meilleure narration.
Pour résumer, les Ecoles de Pilotage 23 du Mans et 25 de Vannes devant l'avance allemande s'étaient repliées sur Morlaix. Après le discours du 17 Juin de Pétain , "La paix dans l'honneur ???" , devant le risque d'être fait prisonnier et sans instruction de la 3e subdivison dont il relève, le Lieutenant Pinot , directeur de la 23 propose à ceux qui le peuvent de partir à bord des Lucioles disponibles pour rejoindre la zone non encore occupée.
Il contacte en parallèle l'amirauté à Brest pour savoir si ses élèves pourraient être évacués par mer.
En fait, c'est surtout son adjoint, le S/Lt Berthier qui se démène et sur les conseils de l'amirauté, trouve le 18 Juin à Douarnenez un patron pêcheur prêt à les emmener en Angleterre.
La plupart des élèves et moniteurs acceptent. Sur le bateau se joindront 12 jeunes de Douarnenez qui s'engageront dans les FFL ou FNFL et quelques pilotes d'active, dont Jules Joire, Raymond Besacier et Raymond Bette.
L'embarquement à lieu dans la nuit et l'appareillage se fait à 0h30 le 19. Ils arriveront le 20 vers midi à Penzance (pointe des Cornouailles) et débarqueront le soir à Falmouth.
Contrairement à ce qui est écrit sur cette plaque, le départ ne s'est pas fait "à l'appel du Général De Gaulle". Ils ne l'avaient pas entendu et la décision était prise avant sa radiodiffusion.
Par contre, une fois en Angleterre, beaucoup seront les premiers à s'engager dans les FAFL. Par exemple, l’élève Reeve Marcel a le matricule 30004 (4° inscrit) et le S/Lt Berthier , adjoint au directeur, le 30028




Le bateau est le TREBOULISTE. Tréboul était un port de pêche contigu à Douarnenez  qui a été fusionné avec cette commune en 1945.
C'était un langoustier dundee , construit à Douarnenez en 1933 pour le patron pêcheur François Lelguen ( dit Fanch an ael) , pour aller pécher la langouste en Mauritanie.
Immatriculation DZ 3129 - 118,70tx - longueur 22,00m - un moteur de 60 CV

Il existe 2 photos prises lors de son baptême ( ce qui explique la foule à bord)




et cette carte postale plus tardive. On voit que le pavois a changé de couleur.



Sans plan, je ne prétend pas faire une maquette du Trébouliste, mais juste une évocation.
D'autant que si j'ai respecté la longueur, ma base étant le thonier Armor de Heller, je n'ai pas pu respecter la largeur . L'échelle est 1/125.
Je me suis basé sur différents profils et photos d'autres langoustiers  trouvés dans le tome 2 de la bible de la pêche en Bretagne, Ar Vag  (le bateau pour les francophones)




Voilà le profil que j'ai réalisé comme guide em modifiant cellui du ."Michel de Nobletz"




Le thonier Heller représente un bateau de 17 m et le tapecul est plus petit, tant au niveau du mat que du gui. J'ai donc utilisé les pièces de 2 kits pour obtenir les bonnes longueur et surfaces de voile. Par chance, Oups soldait les valisettes contenant kit;  peinture et colle presque moitié prix du kit vendu seul.





Il faut couper la coque en deux et rajouter un tronçon.






Ces photos montrent que grand voile, trinquette et foc étaient blancs et la voile du tapecul rouge ce 19 Juin.






J 'ai également revu l'agencement du pont: par rapport au thonier, il y a les 2 panneaux du vivier à langouste à créer , ainsi que  le capot du moteur et la place du barreur en arrière du mat du tapecul et sa barre à roue.

Bien sur le gréement est très simplifié..

Voilà le résultat.









A+
Bernard

Très jolie pièce. Bravo Bernard!

Très belle réalisation et le compte rendu historique passionnant.

Gérard

Bonjour Bernard,

Superbe réalisation, bravo !

Magnifique idée et qu'elle jolie réalisation, récit passionnant et connu, mais combien important!
Je suis fan!!
Olivier

Bonjour,

Bel agrandissement du modèle, superbe réalisation.

Olivier

Bonjour à tous,

>> BLG : Très belle évocation de cet épisode marquant pour les Français libres.
Et, aussi, très belle réalisation de cette maquette parfaitement modifiée. Bravo !

Superbe réalisation, ta greffe de coque (et de pont !) est à peine discernable sur les photos !

Et bel hommage a ces gens qui ont eu le courage de devancer l'Appel !

Question technique que je me pose en comparant les photos avec ta réalisation, à laquelle tu as peut être trouvé la réponse dans ta documentation : le beaupré (peut être le terme de bout-dehors serait-il plus juste dans ce cas) était-il mobile ? En d'autres termes, la sous-barbe pouvait-elle être larguée afin de laisser remonter cet encombrant espar lors des manoeuvres sans voiles ? C'est l'impression que donne les 2 premières photos. L'angle vers le haut me semble anormalement aigu et j'ai le sentiment que la sous-barbe est molle alors que l'étai le plus extrême est souqué. La troisième photo n'est pas suffisamment claire pour qu'on arrive à distinguer l'angulation du beaupré avec les voiles établies.

Vu que le bateau était motorisé, ça me parait crédible, mais j'avoue ne pas avoir souvenir d'un système comme ça sur les vieux gréements que j'ai pu approcher.

Sait-on ce qu'est devenu le bateau après son arrivée à Falmouth ?

pifortyman a écrit:
PS/ Penzance n'est le village le plus sympa de Cornouailles. Une rue principale. Seul le Saint Michael Mount à Marazion est intéressant, quant à la plage elle était fort sale tout du moins ses abords! Et c'est la seule de Cornouailles à être interdite aux chiens!

Il n'y a que 2 raisons d'aller à Penzance :
- c'est le seul bassin en haut profonde de cette jolie baie (une fois qu'on a passé la porte qui le ferme)
- c'est le point de départ du ferry qui va aux iles Scilly, et les Scilly, ça vaut le voyage (oui je sais, c'est loin donc c'est long, mais ne vous plaignez pas, les 2 seules fois où j'y suis allé, c'était en voilier et je peux vous assurer que c'est bien plus long !).

En 1979, en école de croisière, on avait été obligé de mouiller derrière Saint Michael Mount, abri pour le moins précaire à marée haute, après avoir raté l'heure limite d'entrée dans Penzance. En dehors de l'aimable séance de branlette de ce mouillage clapoteux et de la jolie vue sur le Mont, c'est resté dans ma mémoire parce qu'un DUKW assurait la navette entre la côte et le Mont. Je me rappelle de cet engin fumant comme un gazogène et faisant un bruit de char d'assaut au ras de l'eau avec sa palanquée de touristes. Je ne suis pas sûr que les règles de sécurité modernes autoriseraient encore ce spectacle !

sympa ce sujet. et le montage l'est tout autant. merci

Bonjour à tous et merci pour vos commentaires.

Vous confirmez  l’intérêt du sujet et j'ai été surpris quand j'ai commencé mes recherches de ne trouver aucune maquette du Trébouliste publiée sur le web, alors qu'on ne compte plus les LO D et JF E. Il y aurait une reproduction à la mairie de Douarnenez.  A vérifier quand je rendrai visite aux Penn Sardin

Tom91 a écrit: le beaupré (peut être le terme de bout-dehors serait-il plus juste dans ce cas) était-il mobile ? En d'autres termes, la sous-barbe pouvait-elle être larguée afin de laisser remonter cet encombrant espar lors des manoeuvres sans voiles ? C'est l'impression que donne les 2 premières photos. L'angle vers le haut me semble anormalement aigu et j'ai le sentiment que la sous-barbe est molle alors que l'étai le plus extrême est souqué. La troisième photo n'est pas suffisamment claire pour qu'on arrive à distinguer l’annulation du beaupré avec les voiles établies. Les auteur de Ar Vag emploient toujours  "bout dehors" pour cet espar.  Sur les photos , il est bien relevé avec la sous barbe "molle". A Camaret, ils étaient rentrants , coulissant à l'horizontale dans un blin à rouleau  , alors qu'à Audierne  et Douarnenez, ils étaient relevables à blin ouvrant. Plutôt que pour faciliter la manœuvre, c'était une obligation administrative, le règlement du port obligeant les langoustiers à s'amarrer bout au quai principal en mouillant par l’arrière et à mâter leur bout dehors.
Sait-on ce qu'est devenu le bateau après son arrivée à Falmouth ? Oui, ci dessous

pifortyman a écrit:Je n'ai rien trouvé sur le devenir du bateau... depuis que je m'occupe de FAFL!

Tu n'as pas lu "Bonsoir  Nadette"?  Outre la transcription des carnets de Marc Hauchemaille, ce livre a des annexes fort intéressantes, dont la liste et le devenir de 86 des 105 à 115  passagers (chiffre précis inconnu) qui ont embarqué ce 19 Juin 1940.
Voilà ce qui est rapporté quand au devenir du Trebouliste:

"Le Trébouliste est requis par la Royal Navy le 3 juillet 1940. Alors qu'une partie de l'équipage rejoint la France, deux des matelots s'engagent dans les FNFL.
En janvier 1941, rebaptisé Motor Fishing Vessel (MFV) 2032, le Trébouliste migre vers Fowey (Cornouailles, pointe ouest de l'Angleterre) pour participer à des opérations du Special Service. Le navire, mouillé dans la Helford River devient le bateau base du groupe des MVF. Les missions ultra-secrètes des MVF sont multiples. Les bateaux sont chargés de recueillir des informations en se mêlant notamment aux bateaux de pêche français qui continuent leur activité traditionnelle près des côtes. Certaines opérations amènent au débarquement d'armes, d'agents ou de personnalités sur les côtes des territoires occupés.
Deux autres bateaux français jouent ce rôle à Fowley : le Roger Juliette (1916, 169 tx) et le saint-Denise-Louise (pêche, 1935, 42 tx, MFV 2014). Ces hush-hush boats (bateaux top secrets) font l'objet de toutes les attentions une fois rentrés au port : ils sont remisés dans un endroit discret et nul ne peut monter à leur bord en dehors de la présence d'un officier. Toute personne s'en approchant doit être arrêtée, y compris par la force, en dépit de toute considération de grade.
Le Trébouliste repasse sous contrôle français le 12 avril 1945, lors de son retour en France. Réarmé pour la pêche, le bateau reprend rapidement du service sur son ancien domaine : les eaux d'Afrique de l'Ouest.
Il est définitivement désarmé à la pêche en 1950. Le 9 octobre 1953, il est conduit et volontairement échoué sur la plage, dans l'anse « Porz ar Vag », au fond de la baie de Douarnenez. Selon la coutume, il y sera démantelé par les paysans pour servir de bois de chauffage. "

A+
Bernard

Merci Bernard pour tes réponses à mes interrogations.

Normalement, un beaupré est un élément fixe partie intégrante de la tenue du gréement, ce qui se conjugue mal avec la mobilité ! Mais n'étant pas spécialiste de la terminologie propre aux bateaux de travail, j'avais un doute que tu as dissipé.

Sur les bateaux modernes, le bout dehors revient à la mode pour amurer les voiles de portant, et pour les mêmes raisons d'encombrement du dispositif dans les ports, il est en général rétractable. Comme quoi les apparents progrès techniques sont souvent du recyclage de vieilles recettes, nos ancêtres ne nous ayant pas attendus pour avoir des idées intelligentes. Après, c'est sur qu'un bout-dehors en carbone permet de simplifier installation et manoeuvres

Une belle page d'histoire avec ce bateau ordinaire qui a connu un destin extraordinaire

Hello !!

Très intéressant sujet !!
Ayant un gros faible pour les maquettes à voiles de Heller, je salue le très joli travail que tu présentes !!
La greffe pour rallonger est impeccable ! il fallait oser ! chapeau bas....

A Bruno (Tom91)( )
De ce que j'ai pu lire concernant les espars d'extrémité (ouvrages plutôt relatifs aux vaisseaux de ligne), si ils sont conçus "mobiles", il arrivait de les "rentrer" ; à quelle fréquence, je sais pas trop, mais la manœuvre n'effrayait guère les marins. Ça m'a surpris concernant les rallonges sur les mâts, mais faut reconnaître que les gars ne reculaient pas devant la tâche.
J'imagine facilement la manœuvre "relativement simple" sur un thonier ou un langoustier....

Bernard nous a bien éclairé sur cette pratique. Décidément, le métier de marin est éprouvant, les gaillards devaient être bien costauds !

@+
Fred

titelouze a écrit:
A Bruno (Tom91)( )
De ce que j'ai pu lire concernant les espars d'extrémité (ouvrages plutôt relatifs aux vaisseaux de ligne), si ils sont conçus "mobiles", il arrivait de les "rentrer" ; à quelle fréquence, je sais pas trop, mais la manœuvre n'effrayait guère les marins. Ça m'a surpris concernant les rallonges sur les mâts, mais faut reconnaître que les gars ne reculaient pas devant la tâche.
J'imagine facilement la manœuvre "relativement simple" sur un thonier ou un langoustier....

Sur les vaisseaux de guerre, le beaupré servait principalement à tenir la mâture via les étais, mais il pouvait aussi servir de support à une vergue pour voile carrée (la civadière, dont le rendement devait être franchement médiocre) et à des tangons ou bout-dehors, appelés à l'époque bâtons de foc, pour amurer les plus en avant possible des voiles diverses à la coupe plus creuse que les focs endraillés sur les étais fixes (qui étaient relativement plats pour pouvoir serrer le vent et largement inutiles au portant car masqués par les voiles carrés de la misaine).

Tout ce bel attirail se démontait en cas de mauvais temps, tout comme les extensions verticales des mats principaux, car ça ne pouvait pas résister longtemps à du vent fort et à la mer qui va avec. Nota : pour mettre un bâton de foc, il faut une rallonge verticale du mat de misaine, sinon l'angle de l'étai volant n'est pas satisfaisant. Et si on rajoute une extension verticale sur le mat de misaine, il en faut une sur le grand-mat pour la tenir vers l'arrière...et ainsi de suite... Tout cela prenait des heures...en espérant que la météo ne change pas !

Mais sur les vaisseaux de guerre, l'équipage était pléthorique (quoique souvent incomplet) pour faire face aux besoins énormes en bras lors des phases de combat, donc y'avait du monde pour ces menus travaux qui empêchaient les gaillards d'avant de sombrer dans l'oisiveté. demon7

Contrairement aux bateaux de pêche qui n'embarquaient que des bouches strictement utiles. En général, les bateaux de travail ont un gréement plus simple...mais qui n'empêche pas les besoins en huile de coude et force bestiale. Quand on voit ce que les bisquines (par exemple) étaient capables de porter comme toile et la tête des moyens mécaniques pour contrôler tout ça, on se dit que les salles de musculation n'étaient pas nécessaires en ces temps bénis (enfin bénis, certainement pas pour les pêcheurs qui ont du voir arriver avec délectation les moteurs).

Le problème d'un bout dehors repliable ou rétractable, c'est qu'il ne peut plus participer à la tenue du mat quand il n'est pas sorti et verrouillé. Et je crois voir sur la première photo du Trébouliste que les étais semblent tous repris sur le bout-dehors. Donc pas question de naviguer à la voile en configuration repliée autrement qu'au portant (allure à laquelle l'étai ne sert à rien).

Mais le vent n'est pas toujours portant pour rentrer au port (les esprits cartésiens diront même qu'il est le plus souvent de face, sinon, c'est pas vraiment un port).

Je pense que ce type de système a dû se développer avec la motorisation et la construction des quais (au mouillage, on se fout un peu plus que le bout-dehors dépasse).

Vraiment magnifique l'ami bravo