[Concours WWI] Fokker D.VII "Early" - Max Kliefoth / Jasta 19 - Octobre 1918 - 1/32

Le Fokker D.VII était un avion de chasse biplan allemand de la Première Guerre mondiale. Il est considéré comme le meilleur chasseur allemand de ce conflit, avec le Junkers J 9 / D1 déployé en très petit nombre sur le front avant l'armistice. Sa renommée était telle qu’il fut l’unique avion allemand mentionné dans les clauses de l’armistice du 11 novembre 1918 (et non dans le traité de Versailles du 28 juin 1919 comme l’affirme une légende tenace) : tous les appareils de ce type étaient à remettre immédiatement aux Alliés.

Fin 1917, face aux S.E 5 et autres Sopwith Camel, les forces aériennes allemandes avaient perdu la domination aérienne sur le front occidental. Les autorités allemandes lancèrent alors un appel d’offres pour un chasseur monoplace performant sous forme de concours. La démonstration eut lieu en janvier 1918 à Berlin (Adlershof) avec 31 appareils en compétition. Fokker Aeroplanbau GmbH présenta un prototype dénommé V11 (à moteur Mercedes de 160 cv) conçu par Reinhold Platz, le responsable du bureau d'études des usines Fokker. Le constructeur aligna également un 2ème prototype, le V22 à moteur BMW IIIa de 185 cv destiné aux altitudes plus élevées.

Combattant en ce début d’année 1918 essentiellement encore avec des Albatros D. Va, Pfalz D.IIIa et Fokker Dr. 1 Dreidecker dépassés par les avions des Forces de l’Entente, les jeunes pilotes allemands ne pouvaient être qu’enthousiastes d’acquérir un nouvel appareil prêt à relever le défi. Ce fut Manfred von Richthofen, le « Baron Rouge » lui-même, qui testa le V.11 et il fut impressionné par sa maniabilité ainsi que, chose unique pour l’époque, par sa capacité à tirer à travers l’hélice tout en grimpant à pleine puissance. Son fuselage en tubes d’acier soudés ainsi que des bords d’attaques solidifiés lui donnaient une robustesse à toute épreuve. Le seul défaut que lui trouva le Baron Rouge fut une instabilité surtout en piqué (ce problème fut réglé par l’allongement du fuselage et l’ajout d’un aileron vertical sur la gouverne de direction). Avec toutes ces qualités le Fokker ne pouvait qu’être sélectionné et la construction de 900 exemplaires fut immédiatement lancée, le V11 devenant le Fokker D. VII et le V12 le Fokker D. VII F (haute altitude). Tous les pilotes des Jastas présents à cette démonstration à Berlin retournèrent sur le front convaincus de posséder enfin l’avion capable de renverser la situation dans les airs …

Les usines Fokker étant matériellement incapables de produire une telle série dans un délai court, le gouvernement allemand ordonna à son grand rival Albatros de produire à son tour le D. VII sous licence dans ses usines de Johannisthal (Alb) et de Schneidemühl (OAW – Ostdeutsche Albatros Werke), le paradoxe étant qu’Albatros produisit finalement les 2/3 des Fokker D. VII (600 OAW ou Alb, 300 Fok) !

Ce nouvel appareil avait une conception de base assez conventionnelle : un biplan haubané au train de roues rigide (fuselage et roues étaient ceux du Dr. I), un moteur refroidi par eau et équipé de deux mitrailleuses. Mais sous l'habillage classique en tissu se trouvait donc une structure en acier à la fois légère et solidement soudée qui permettait au chasseur d'effectuer des manœuvres très délicates sans dommages. Équipé dans sa 1ère série par le moteur Daimler-Mercedes D. IIIa de 180 cv, le D. VII fut par la suite et majoritairement motorisé par le Daimer-Mercedes D. IIIaü de 200 cv tandis que la petite série des D. VIIF (issu du prototype V12) reçut le tout-nouveau moteur BMW IIIa (estimé à 230 cv par les Britanniques) qui, même s’il permettait à l’avion d’aller plus vite (200 km/h au lieu de 187 km/h), ne donnait toute sa puissance qu’au-dessus de 3200 m. D’autres versions restèrent à l’état de projets ou ne furent pas produits de manière significative.

En avril 1918 les premiers D.VII firent leur apparition sur le front de l'ouest, confiés tout d’abord aux pilotes d’élite du Jagdgeschwader 1 de Manfred von Richthofen. Ils firent tout de suite leurs preuves : en plus d'une excellente maniabilité, les excellentes performances ascensionnelles du D.VII lui permettait d'attaquer ses adversaires par le dessous, même à haute altitude. Le « Baron Rouge » n’eut pas le temps de combattre en personne sur le D. VII puisqu’il fut mortellement abattu le 21 avril. Le chasseur fut ensuite très rapidement livré, au fur et à mesure de la production, aux Jastas 4, 6, 10, 11, 13 et 15. Les pilotes de l’Entente découvrirent rapidement qu’ils ne pouvaient plus compter sur leur exclusive supériorité à haute altitude … cependant, les Alliés renforcèrent eux-mêmes leurs forces aériennes avec de nouveaux appareils plus puissants, ce qui relativisa la suprématie du D.VII (notamment le SPAD S.XIII français, qui avait des performances supérieures). D’une façon générale, il arriva trop tard pour changer le cours de la guerre.

Un problème récurrent du D. VII, apparu dès l’été 1918, fut sa propension à l’incendie en vol, entrainant de nombreux crashs mortels. Ce problème fut attribué au mauvais refroidissement du moteur qui surchauffait rapidement, des défaillances du réservoir de carburant et de l’instabilité des munitions incendiaires utilisées contre les ballons stationnaires. La solution immédiate apportée fut de retirer les capots supérieurs du moteur pour améliorer le refroidissement et par la suite, de modifier les capots latéraux avec des ailettes pour aérer le moteur.

Après la guerre, la production de ce chasseur étant interdite en Allemagne par les Alliés, Fokker rentra aux Pays-Bas (avec 98 Fokker D.VII passés clandestinement) où il reprit la production : ceci explique pourquoi le D. VII resta en service aux Pays-Bas jusqu’en 1931. Sur ces 98 Fokker D. VII qui ont « échappé » aux Alliés, 50 furent vendus à l’URSS (qui les utilisa jusqu’en 1933). La Belgique, la Lituanie, la Pologne, la Suisse, la Tchécoslovaquie, la Hongrie en utilisèrent également dans leurs forces aériennes, soit récupérés en Allemagne après la capitulation, soit achetés à Fokker qui en continuait la production aux Pays-Bas. Les États-Unis en utilisèrent 142 récupérés en Allemagne.